Page 143 - eco-savoirs pour tous
P. 143

Ce qui, pour l’espèce humaine, a alimenté un processus évolutif majeur. Il
               est clair que nous devons surtout à ces facultés notre prédominance actuelle
               dans notre biotope. Pour connaître ce que d’autres humains ont découvert, il
               n’y a pas besoin de répéter leurs expériences et leurs observations, il suffit de
               puiser dans des archives (ou jadis dans des informations et des traditions
               transmises oralement) pour réagir plus efficacement. Cette évolution bio-cul-
               turelle est la forme connue la plus efficace d’adaptation animale intelligente.
                 Ainsi, dans ses activités de gestion utilitaire de son environnement, l’in-
               tellect humain a pu intervenir de mieux en mieux au service de ses nécessités
               existentielles. Et parce que d'autres animaux pouvaient lui fournir des res-
               sources variées, pas seulement alimentaires (instruments, matières, transport,
               etc.), dès l’époque préhistorique, il a eu besoin de les reconnaître et de com-
               prendre leurs qualités et leurs comportements. Témoignant du progrès adap-
               tatif humain, leur représentation a donc été à la fois utilitaire et artistique,
               comme on peut le voir dans des sculptures, ou dans des fresques rupestres
               qui ornent les parois de multiples grottes, dans les lieux les plus divers du
               monde. La zoologie est ainsi aussi vieille que les premiers Hommes cultivés.
                 Elle a acquis historiquement un statut de science véritable, dès l’anti-
               quité, notamment grâce à Aristote (384-322 av. J-C), qui avait écrit le pre-
               mier texte de zoologie connu. On attribue souvent à ce philosophe grec
               les premières tentatives de classification des animaux (Aristote a créé envi-
               ron 500 subdivisions) et les premières observations d’anatomie et d’em-
               bryologie. Toutefois, l’intérêt des anciens pour les sciences naturelles s'est
               développé progressivement, et dans une minorité cultivée. Ceci en outre
               avec une valorisation variable, puisque pendant le Moyen Âge occidental,
               par exemple, les centres d’intérêt principaux des gens de science étaient
               encadrés d'abord par des considérations d’ordre théologique, tandis que la
               connaissance du monde physique, surtout pour les sciences de la vie, était
               temporairement cantonnée à des savoirs pratiques moins valorisés.
                 Puis, lors de la Renaissance européenne, la nature y a été culturellement
               réhabilitée, même si l’intérêt pour le monde animal restait en bonne partie
               lié aux nécessités de la vie quotidienne (élevage, chasse, et pêche) et à la
               curiosité pour certaines formes bizarres et insolites. Au début, les connais-
               sances de l’époque étaient recueillies dans des bestiaires, et dans des com-
               mentaires des œuvres d’Aristote, sans méthode uniforme ni nomenclature
               unitaire. Mais au fil du temps, avec les premiers voyages des grands explo-
               rateurs du début du 16  siècle, les découvertes de nouvelles espèces ani-
                                  ème
               males, inconnues auparavant en Europe, sont devenues plus fréquentes.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      143
   138   139   140   141   142   143   144   145   146   147   148