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Sommes-nous irrémédiablement des prédateurs ?

             De sa naissance jusqu’à sa mort, l’organisme humain est en lutte cons-
          tante pour sa survie. Jamais complètement en repos, même lorsqu’il dort, il
          doit maintenir son équilibre interne, lutter contre les agents nocifs, et pro-
          duire assez d’énergie pour compenser son entropie naturelle. Et ceci, sim-
          plement parce que qu’il appartient au monde animal.
             L’organisme animal (métazoaire multicellulaire mutable) provient ini-
          tialement d’une cellule eucaryote, sans la paroi cellulosique protectrice qui
          caractérise les végétaux, mais qui a déjà réalisé une symbiose avec ses mi-
          tochondries et autres organites commensaux, et qui est capable de se dé-
          velopper par absorption (et prédation) d’autres cellules et molécules.
             Depuis 700 millions d’années environ, cette cellule s’est divisée, puis
          multipliée, encore et encore, jusqu’à ce que ses cellules-filles se diversifient
          et s’organisent en société de cellules pour former un corps (principalement
          à symétrie bilatérale) constitué de tissus et d’organes fonctionnels spéciali-
          sés. Ce corps s’est de mieux en mieux adapté à son milieu de vie, et est
          devenu capable d’agir sur ce milieu, pour notamment y prélever de quoi
          nourrir son ensemble symbiotique. Et c’est là son principal problème exis-
          tentiel biologique : sa survie dépend des ressources de son biotope hôte.
             C’est pourquoi la recherche permanente, le bon choix, et la préservation,
          des ressources nécessaires à son développement (nutritives et au-delà), cons-
          tituent une activité vitale de tout organisme, y compris humain.
             Ce que l’Humain fait d’autant mieux qu’il est devenu "sapiens", sachant
          qu’une ressource externe, incluant autant la nourriture de son esprit que celle
          de son corps (et celle de leur interface commune, le cerveau), conditionne son
          développement et sa survie. D’où la nécessité notamment d’alimenter ce cer-
          veau de nutriments et d’influx ad-hoc, l’adéquation des besoins et des res-
          sources conditionnant la survie de tout organisme et de tout organe.
             Optimiser ceci est donc une vocation majeure de l’éco-humanisme, qui
          suscite le meilleur du cerveau humain, individuel et collectif, en sachant que de
          l’activité intelligente de l’entité humaine peut désormais dépendre le sort de
          cette entité. Mais là, il y a une bonne nouvelle : l’animal mutant humain pou-
          vant désormais synthétiser technologiquement les ressources, y compris nutri-
          tives, qu’il doit consommer et utiliser pour se développer, son devenir en est
          modifié, y compris dans son fonctionnement sociétal, puisque la prédation n’y
          est plus une fatalité s’il peut assumer autrement son autonomie évolutive. Les
          conséquences, scientifiques et spirituelles, en sont considérables.



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