Page 133 - eco-savoirs pour tous
P. 133

Vers la fin du siècle, l’allemand Rudolph J. Camerarius (1665-1721)
               analysa pour la première fois les mécanismes de reproduction des plantes.
               Il découvrit les organes de reproduction, les pistils femelles et les éta-
               mines mâles, et la fonction fécondatrice du pollen.
                 Au 18  siècle, la systématique, c’est-à-dire la branche de la biologie
                       ème
               spécialisée dans la classification des différentes espèces en séries hiérarchi-
               sées d’ensembles, devint une discipline scientifique à part entière, grâce à
               l’œuvre de Carl Von Linné (1707-1778), un médecin et naturaliste suédois
               doté d’un esprit méthodologique exceptionnel. Linné considérait la classi-
               fication systématique utilisée à son époque comme une simple étape pour
               des développements plus larges. En 1731, à l’âge de 23 ans, il présenta donc
               les fondements d’un nouveau système sexué des plantes (qu’il développa
               en 1735 dans son œuvre le Systema Naturæ), dans lequel les plantes étaient
               classées selon la disposition de leurs organes reproducteurs, le nombre
               d’étamines, et d'autres caractères sexuels propres aux végétaux.
                 L’importance de l’œuvre de Linné est liée surtout au fait que c’est à
               lui que revient le mérite d’avoir définitivement validé, dans son travail
               systématique, la nomenclature binaire genre-espèce initiée par Bauhin,
               dans laquelle chaque espèce était définie par un double nom en latin, le
               premier pour le genre, et le second pour l’espèce. En se fondant sur des
               caractères morphologiques, Linné définit ainsi plus de 8.000 espèces.
                 Son contemporain Bernard de Jussieu (1699-1777) a eu pour sa part
               le  mérite  d’établir  de  manière  complémentaire  une  classification  des
               plantes fondée sur leurs affinités naturelles. Les résultats de son travail
               ne furent pas publiés par lui, mais par son petit-fils Antoine-Laurent de
               Jussieu (1748-1836), dans une œuvre célèbre de 1789, le Genera plantarum.
               Selon A.-L. de Jussieu, les traits communs observés chez les plantes cor-
               respondaient à des liens de parenté, et sur cette base, le classificateur
               pouvait reconnaître les plantes appartenant à la même famille ou à des
               groupes de rang supérieur. L'activité phyto-systématique s’attacha alors à
               reconnaître et à évaluer les différents caractères végétaux, en appliquant
               la règle qu'un seul caractère constant était équivalent, voire supérieur, à
               plusieurs caractères inconstants, même conjugués.
                 La configuration des feuilles et le schéma de croissance des plantes ali-
               mentèrent particulièrement l’intérêt des botanistes au 19  siècle. Et dans
                                                             ème
               le sens de la pensée anti-mécaniste qui était en train de se diffuser en Eu-
               rope, des concepts ambigus comme celui de la métamorphose, ou celui de
               la théorie de la spirale génératrice, furent alors temporairement introduits.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      133
   128   129   130   131   132   133   134   135   136   137   138