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Mais ceci avait aussi fait émerger indirectement des ambiguïtés, et avait
               porté à réactualiser des questions alors sans réponses, car même si de nou-
               veaux schémas de classification, débarrassés de certains des groupes tradi-
               tionnels connus, étaient de plus en plus utilisés, il subsistait encore des
               doutes sur la dérivation phylogénétique de familles tout entières, voire de
               certains ordres, suspectés notamment de paraphylétisme.
                 À la fin du 20 ème  siècle, en raison de ce défaut de briques conceptuelles
               suffisantes, en raison aussi de différences notables entre les méthodes
               employées, quelques éléments importants restaient donc encore en sus-
               pens.  Si  l’on  comparait  les  systèmes  de  classification  proposés,  par
               exemple pour les angiospermes, le nombre total d’ordres pouvait y varier
               de 83 à 166, et le nombre de familles pouvait passer de 388 à 533.
                 Toutes les plantes, ainsi que de nombreux autres organismes vivants,
               n’avaient donc pas encore une place stable et définitive dans les classements
               hiérarchisés du moment, par lesquels on aurait pu représenter leur diversité,
               en tenant compte notamment de leurs liens de parenté. Là encore, le feuil-
               leton  scientifique  continuait,  autant  pour  le  monde  végétal  que  pour  le
               monde animal.
                 On en retenait qu'une vie multicellulaire eucaryote s'était progressive-
               ment développée depuis ±2 milliards d'années, et que les formes complexes
               d'organismes qui pouvaient permettre une distinction entre végétaux et ani-
               maux, et qui étaient supérieures à 1 mm de diamètre, dataient de ±700 mil-
               lions d'années. Au niveau unitaire, les dimensions de la cellule animale (10
               µm, ou 10 milliardièmes de mètre) étaient restées inférieures à celles de la
               cellule végétale (jusqu'à 100 µm). L'une et l'autre avaient gardé en commun
               une membrane extérieure protectrice, un noyau interne, un cytoplasme, des
               ribosomes, et une taille inférieure à 0,1 mm. Mais outre par leur taille, elles
               différaient  par  d'autres  caractères  (spécialisation  ou  non-spécialisation,
               autotrophie ou hétérotrophie, utilisation d'amidon ou de glycogène, etc).
                 En ce qui concerne le monde animal, et son organisation, que nous
               allons aborder dans l’exposé suivant, nous devons toutefois resituer pré-
               alablement -en courte digression- la place et les besoins particuliers de
               l’animal humain, un animal mutant très particulier, puisque devenant de
               plus en plus capable de créer lui-même directement sa nourriture (fonc-
               tion réservée jusqu’alors aux seules plantes), et par conséquent capable
               de réduire d’autant ses comportements naturels ancestraux -jusqu'alors
               inévitables- de prédation, avec des conséquences évolutives, notamment
               sociétales, très importantes.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      137
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