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Pourtant, avant le 19  siècle, et notamment depuis les grecs anciens,
                              ème
          des organismes premiers (primitifs) avaient déjà pu être imaginés comme
          issus spontanément d’une matière inanimée. Comme jadis Anaximandre,
          Darwin conjectura donc, dans une lettre de 1871, que la vie sur la Terre
          pourrait avoir commencé dans un petit étang tiède, à partir de l’agrégation
          fortuite de molécules organiques, lesquelles d’une façon ou d’une autre, par-
          viendraient à s’organiser en une entité capable de se nourrir et de se repro-
          duire. Pour vérifier cette hypothèse, pendant des décennies, beaucoup de
          savants ont re-conjecturé à leur façon le problème de l’origine de la vie.
             À cette occasion, des scénarios divers ont été imaginés, préférant par
          exemple aux processus lents et fortuits des processus plus rapides découlant
          de multiples apports de molécules extra-terrestres (panspermie), ayant pu
          se réactiver et se développer vers la fin du premier milliard d’années de vie
          de notre planète. Quelques-uns de ces scénarios ont été en partie validés.
             Mais une certaine prudence est restée nécessaire, sachant que l’origine
          de la vie remonte à des époques très éloignées où les conditions sur Terre
          étaient complètement différentes des conditions actuelles. Cela ne pour-
          rait plus, par conséquent, se répéter de la même façon. Comme tous les
          événements historiques, en particulier ceux qui ont eu lieu en l’absence de
          témoins, le mécanisme de la vie peut être reconstitué, mais sans avoir la
          certitude de son processus original réel. Les données sûres dont nous dis-
          posons sont peu nombreuses,  comme  sont peu  nombreuses les expé-
          riences réalisables pour vérifier les hypothèses. En raison du mystère qui
          a  toujours  enveloppé  ce  processus  originel,  et  de  la  fascination  qu’il
          exerce, beaucoup de savants, souvent dans des domaines différents, ont
          malgré tout recherché les explications les plus probantes possibles.
             C’est pourquoi les théories avancées pour l’expliquer ont été nom-
          breuses. Et une première évidence qui en a émergé, c’est qu’un être vi-
          vant est une structure complexe dont l’élément chimique de base est le
          carbone. Ensuite, un tel être est capable de maintenir à un niveau cons-
          tant son état chimique interne en dépit des variations du milieu externe,
          en mobilisant de l’énergie. Avec ces facultés, son organisme est capable
          de se reproduire, en générant des copies plus ou moins identiques de lui-
          même, et il peut initier des changements adaptatifs grâce aux mécanismes
          sélectifs de l’évolution. Cet organisme vivant réunit donc, d’une part, un
          système métabolique qui lui permet d’utiliser de l’énergie pour réaliser les
          réactions chimiques  indispensables  au maintien de  son état interne,  et
          d’autre part, il utilise un système génétique, qui gère les instructions né-
          cessaires à la reconstruction fidèle de ses différentes parties.


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