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L’élément subjectif, l’expérience du météorologue, et la qualité de la
documentation pratique (cartes des différents profils météorologiques),
joints à certains savoirs de physique, étaient leurs outils principaux.
Mais dès que furent disponibles les premiers grands calculateurs élec-
tro-mécaniques, dans les années 1940, plusieurs de ces machines purent
être affectées à l’analyse météorologique. Et dans les années 1950, on
continua activement dans cette voie. Les phénomènes météorologiques
semblaient être l’exemple-type d’un problème complexe qui restait à trai-
ter scientifiquement, et d’autant mieux avec des outils de calcul puissants.
Ce n’était pas le seul problème complexe traitable ainsi, et une activité de
recherche caractéristique de la seconde moitié du 20 siècle avait appliqué
ème
aussi des méthodes de physique mathématique, puis de calcul informatisé,
à divers secteurs de la technologie, de l’économie, et de la biologie.
Mais là aussi, lorsqu’on allait au-delà des schémas de physique classique
bien organisés, régis pour la plupart par une logique de type linéaire, on se
trouvait face à des problèmes et à des systèmes caractérisés par un grand
nombre de composantes, de variables, et d’interactions. Même si l’on intro-
duisait des simplifications et qu’on les étudiait par parties, le schéma n’en
restait pas moins complexe. Pour l’aborder, on ne pouvait donc pas éviter
d’envisager tôt ou tard un traitement non linéaire, et informatisé.
Ceci ayant été réalisé, et l’amélioration des ordinateurs augmentant de
plus en plus la puissance des calculs numériques, beaucoup de domaines
scientifiques ont pu en profiter, jusqu’à la physique mathématique, qui a pu
faire l’économie de certaines de ses pratiques antérieures. Des chercheurs
ont alors accompagné ce changement avec de nouveaux schémas mathéma-
tiques, applicables transversalement à de nombreux domaines, et dégagés de
la nécessité d’une analyse classique pour chaque phénomène étudié.
En météorologie, cette nouvelle orientation n’a pas d'emblée remis en
question certains fondements déterministes et certaines habitudes qui réu-
nissaient encore de nombreux spécialistes. Dans la mesure où il fallait étu-
dier rapidement des phénomènes réels, et favoriser opportunément une
décision en conséquence, on s’est d’abord contenté de la possibilité d’ob-
tenir informatiquement au-moins des prévisions utiles à court terme, en
attendant qu’une découverte future permette de mieux faire.
Et justement, au début des années 1960, le météorologue américain
Edward Lorenz publia, dans une revue consacrée aux recherches sur les
sciences de l’atmosphère, un article qui contenait d’intéressantes réflexions.
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