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Mais la science moderne a modifié cette démarche, en privilégiant une
          analyse des processus qui tenait compte de leur globalité. C’est ainsi que par
          exemple le cœur, avec ses valves et ses cavités, et le réseau des veines, des
          artères et des capillaires, pouvaient être mieux compris si l’on considérait ce
          système circulatoire dans sa fonction globale, et si l’on centrait l’attention
          sur le mécanisme (et aussi sur ses éventuels dysfonctionnements) qui per-
          mettait de faire fonctionner harmonieusement les différents organes, et qui
          rendait possible la circulation du sang et la réalisation des fonctions physio-
          logiques. Le tout était dans ce cas irréductible à ses parties, car l’interaction
          des éléments qui constituaient le système générait des propriétés et des
          comportements qui déterminaient le potentiel de l’entité composite globale.
             En outre, alors que la science classique héritée du 19 ème  siècle se con-
          centrait particulièrement sur l’étude des systèmes physiques (surtout mé-
          caniques) qui servaient de cadre pour la recherche et pour l’analyse, on
          avait vu au 20 ème  siècle s’affirmer l’idée que des phénomènes non phy-
          siques ou mécaniques pouvaient aussi faire l’objet d’études systémiques,
          notamment des phénomènes de biologie, d’économie, de psychologie,
          ou de sciences sociales. Cet élargissement nécessitait à son tour une adap-
          tation des habitudes et des outils des scientifiques, comme l’écrivit Lud-
          wig von Bertalanffy dans sa Théorie générale des systèmes, publiée aux Etats-
          Unis en 1968.
             Toutefois, malgré ces évolutions dans les conceptions, les méthodes, et
          les fins, de la recherche scientifique, un aspect était demeuré inchangé, et
          avait  gardé  une  importance  fondamentale  :  le  rôle  des  mathématiques
          comme instrument principal d’analyse. Or, les mathématiques avaient des
          limites, et ne pouvaient pas résoudre tout. Pour mieux estimer la pertinence
          de leur rôle d’aide au raisonnement, considérons les limites de l'analyse
          d'un dispositif physique, en l’occurrence un système simple : une balle, re-
          liée à une extrémité fixe 0, au moyen d’un ressort. Puis nous verrons com-
          ment sortir de ces limites.
             Si l'on étire le ressort d’une certaine longueur, puis qu’on le lâche, la
          balle commencera à osciller. Et là, le savant anglais Robert Hooke, après
          avoir réalisé de nombreuses expériences, avait énoncé une loi éponyme
          sur le comportement des corps élastiques : tout corps élastique déformé
          exerce  une  force  proportionnelle  et  opposée  à  la  déformation.  Dans
          l'exemple ci-après d’analyse mathématique de cette propriété, les condi-
          tions ont été simplifiées afin de souligner les aspects fondamentaux du
          mouvement déterminé par le phénomène élastique, et d’écarter les as-
          pects de moindre importance pour sa compréhension.


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