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Aristote  (384-322  avJC) analysa  et  exposa  clairement  à son  tour la
          structure de ce type de connaissance rationnelle. Il introduisit une distinc-
          tion entre les axiomes (définitions ou hypothèses) et les thèses, et il for-
          mula des règles de logique sur lesquelles devait reposer tout raisonnement
          déductif, créant un modèle qui allait rester longtemps une référence clas-
          sique. La géométrie constituait un savoir en partie abstrait, dans la mesure
          où, pour Aristote, les objets mathématiques étaient en fait des abstractions
          d’objets physiques, dont les propriétés étaient déduites selon les résultats
          mathématiques. Cette conviction, qui associait les mathématiques à la ré-
          alité en incluant leur abstraction, perdurera jusqu’au 20 ème  siècle.
             La plupart des traités composés dans ces premiers siècles de dévelop-
          pement mathématique ont disparu. Toutefois, on a retrouvé certains trai-
          tés de la période hellénistique alexandrine, qui résument et classent cette
          importante tradition de recherche. Le plus célèbre de ces traités est sans
          aucun doute les Éléments d’Euclide. Composé de treize livres, il fut écrit
          au 3 ème  siècle avJC et il eut une influence considérable sur la recherche et
          sur l’enseignement des mathématiques pendant plus de deux millénaires.
             Cette œuvre, qui représente la compilation la plus imposante des ma-
          thématiques grecques, a servi durablement de support et de référence à la
          construction de mathématiques ultérieures. Effectivement, avec cela, en
          partant de quelques thèses et principes fondamentaux, même en partie in-
          tuitifs, on pouvait déduire une grande quantité de résultats géométriques
          de plus en plus complexes, de façon claire et rigoureuse sur le plan logique.
             Au début des Éléments, étaient énumérées les définitions des concepts
          de base qui pouvaient être utilisés tout au long de l’œuvre : le point est une
          entité qui n’a pas de parties ; la ligne est une longueur sans largeur ; la ligne
          droite est le plus court chemin pour aller d’un point à un autre ; une surface
          est une entité qui a une longueur et une largeur mais pas d’épaisseur. En-
          suite étaient énumérés cinq postulats basiques, c’est-à-dire cinq propriétés
          que l’on considérait comme vraies afin de pouvoir développer le reste de
          la théorie. Euclide énumérait en outre des notions communes, ou axiomes,
          qui explicitaient certaines idées logiques servant à développer le raisonne-
          ment, en géométrie comme dans n’importe quelle autre science.
             Cette approche structurée permit à Euclide (325-285 avJC) de mettre
          en bon ordre toutes les cartes alors connues du jeu intellectuel de la géo-
          métrie.  Il  y  démontra  la  puissance  d’un  raisonnement  qui  permettait
          d’obtenir des résultats certains, et parfois très complexes, que l’intuition
          ou l’expérience seuls ne permettraient pas d’atteindre.


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