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Ses intérêts dans ce domaine étaient surtout liés au calendrier, à la chro-
nologie, et à l’astronomie. Des pièces archéologiques retrouvées contien-
nent de nombreuses représentations de ces scribes en train d’étudier ou
d’écrire, à côté de symboles astronomiques et numériques typiques.
On peut finalement retenir de cette rétrospective quasi-planétaire la
prédominance particulière réalisée par les mathématiques grecques, deve-
nues ensuite pan-européennes, qui ont constitué au cours du temps un
socle méthodologique sans frontières. Elles connurent un développement
qui transforma et qui codifia utilement les méthodes et les concepts ma-
thématiques des principaux pays européens, puis de leurs pays colonisés
ou associés, en ancrant d’autant plus le rôle de ces mathématiques dans un
système mondialisé de connaissances. Ce qui n’a pas empêché que parallè-
lement, d’autres savoirs mathématiques traditionnels aient été utilisés et
préservés dans plusieurs domaines, jusqu’au 20 ème siècle, en Inde, en Chine,
dans certains pays de culture arabe, et dans la tradition wasan.
Mais d’une manière ou d’une autre, depuis le 15 siècle, les connais-
ème
sances d’utilité universelle telles que les mathématiques se sont brassées, uni-
fiées, et mondialisées, principalement sous la pression de l’expansion géos-
tratégique occidentale, imprégnée de la culture scientifique grecque. Sous
cette pression, et y compris dans les principaux pays asiatiques, ont été créés
des collèges et des universités où l’on a enseigné les mathématiques d'origine
occidentale. Même en Chine, où subsistaient encore certains savoirs tradi-
tionnels de haute qualité (y compris en médecine), les mathématiques s’oc-
cidentalisèrent après la révolution de 1911, et ceci avec profit, puisque les
mathématiciens chinois ont pu occuper une position tout à fait respectable
au sein de la communauté mathématique mondiale moderne.
Les mathématiques modernes sont finalement devenues une forme
de connaissance transculturelle, au développement de laquelle contri-
buent dorénavant des savants de tous les continents, sans prédominance
d’un peuple ou d’un modèle civilisationnel particulier.
Après avoir rappelé et situé le domaine général de ces mathématiques,
nous allons voir plus en détail, dans les exposés suivants, en quoi ont
consisté les principaux apports qui ont contribué, époque par époque, à
construire ce corpus conceptuel de calcul de la Physis. Dans un domaine
aussi important, il est intéressant de savoir qui a fait quoi, et dans quelles
conditions, pour apprécier la maturation progressive des systèmes de
pensée humains rationnels.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 311