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Et d’autres découvertes ont été faites aussi sur l'ancienne Route de la Soie.
L’un des problèmes populaires aux racines les plus anciennes a été identifié
sur une tablette paléo-babylonienne de Mari, avec un bon niveau conceptuel,
car des voyageurs éduqués de diverses cultures antiques colportaient eux aussi
des pratiques de calcul populaires efficaces, en les citant, et en les expliquant
de manière logique et pédagogique. Ceci avec réciprocité.
Car par exemple, comme par un curieux retour culturel védique, un ou-
vrage ancien en sanskrit datant de 269-270, où l’on utilisait un symbole pour
le zéro -le point (bindu)- marquant une position sans unité dans le référentiel
décimal, avait été traduit d’un ouvrage grec d’astrologie datant de l’an 100.
Un autre exemple également intéressant concerne le savoir mathéma-
tique traditionnel du Japon, appelé wasan, wa signifiant japonais, et san
(sua en chinois) signifiant calcul ou arithmétique. C’était un savoir inspiré
au 17 siècle par les mathématiques chinoises, en particulier par la tra-
ème
duction d’un ouvrage chinois de 1299, Suanxue quimeng (Introduction aux
études mathématiques). Cet ouvrage, déjà étudié jusqu'en Corée, avait été
introduit au Japon à la fin du 16 siècle au retour d'incursions militaires
ème
japonaises en Corée, à une époque où les mathématiques chinoises décli-
naient par ailleurs, du fait de bouleversements politiques. Dans l’esprit des
mathématiques chinoises, ce livre présentait plusieurs règles de résolution
d’équations, mais il ne fournissait pas les explications nécessaires, et par là
il était difficilement compréhensible.
Un groupe de chercheurs japonais réussit pourtant à en exploiter l’es-
sentiel, et il en dériva un savoir mathématique autonome, à une période
où le Japon connaissait un isolement politique et commercial qui se pour-
suivit jusqu’au milieu du 19 ème siècle. Loin ailleurs, avaient subsisté éga-
lement d’autres traditions mathématiques autochtones complètement in-
dépendantes des grandes cultures mentionnées précédemment, comme
celle de la civilisation maya, en Amérique centrale, qui atteignit son point
culminant entre le 3 ème et le 4 ème siècles, puis qui disparut après la décou-
verte et la conquête de l’Amérique par les Européens.
Les Mayas avaient élaboré une écriture hiéroglyphique indépendante
de celles de l’Ancien Continent, avec un système de numération en base
20, dans lequel les nombres compris entre 1 et 19 étaient représentés en
regroupant de façon appropriée deux types de symboles : les barres (de
valeur 5) et les points (dont la valeur était 1). Dans cette civilisation aussi,
il existait une caste sacerdotale et nobiliaire de scribes, pour laquelle le
savoir mathématique avait une grande importance.
310 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL