Page 305 - eco-savoirs pour tous
P. 305

Parmi les différents caractères figurant sur les tablettes sumériennes,
               on trouvait effectivement des nombres, des calculs et des mesures con-
               cernant les dépôts de blé dans les temples, et aussi de nombreuses autres
               activités de comptabilité et d’administration des biens.
                 Le  savoir  mathématique,  dans  la  civilisation  mésopotamienne  tout
               comme en Égypte, formalisait ainsi un ensemble de connaissances, encore
               rudimentaires mais pratiques, utiles pour l’exercice  de  certaines profes-
               sions. En premier lieu, celle de scribe, un fonctionnaire dont la spécialité
               était l’écriture officielle, et qui s’occupait aussi d’arpentage et de comptabi-
               lité (d’où a été extrapolé le nom de géomètre). Ces connaissances servaient
               par ailleurs aussi aux maîtres maçons, aux architectes, et aux marchands.

                 Pour résoudre les principaux problèmes de l’activité quotidienne, des
               recettes méthodiques étaient élaborées et transmises. Par exemple, pour
               calculer la surface d’un champ (ce qui constitue un problème de géomé-
               trie), pour distribuer les vivres, la solde des troupes, pour attribuer un hé-
               ritage, vendre ou acquérir  des marchandises  (ce qui pose un problème
               arithmétique et de métrologie, impliquant la nécessité de déterminer des
               procédés unifiés de mesure). Les calculs servaient non seulement aux actes
               marchands et notariés, et aux registres comptables, mais aussi en astrono-
               mie et en astrologie. L’observation et l’étude des étoiles ont constitué l’un
               des centres d’intérêt humain les plus anciens, et elles sont intimement liées
               aux mathématiques, qui de ce fait n’avaient pas un rôle seulement pratique.
                 À tel point qu'à Babylone, durant la période appelée paléo-babylonienne
               (2  millénaire avJC), un intérêt se développa pour la résolution de pro-
                ème
               blèmes mathématiques liés aux activités administratives de l’époque, mais
               aussi à des problèmes plus abstraits et ludiques, et dont la solution n’avait
               pas d’utilité pratique directe. Certaines personnes instruites éprouvaient du
               plaisir dans des défis intellectuels, et dans des activités artistiques, et à cette
               époque, on attribuait beaucoup d’importance à la valeur intellectuelle. Au-
               delà de leur travail bureaucratique, des scribes s’essayaient donc autant à la
               composition de textes littéraires qu’à des exercices d’habileté mathématique.
                 Ils en devinrent de plus en plus experts, tant par goût du divertissement
               que pour montrer leur talent, et se distinguer parmi leurs collègues. Leur
               formation fut renforcée au cours des siècles, grâce à des écoles où les con-
               naissances acquises étaient conservées et transmises de façon plus organisée
               que ne le permettait la simple transmission orale en activité productive. Cela
               nécessitait une pédagogie, appuyée sur des démonstrations, visant à motiver
               les étudiants, ainsi qu’une organisation ordonnée des connaissances.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      305
   300   301   302   303   304   305   306   307   308   309   310