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Parmi les différents caractères figurant sur les tablettes sumériennes,
on trouvait effectivement des nombres, des calculs et des mesures con-
cernant les dépôts de blé dans les temples, et aussi de nombreuses autres
activités de comptabilité et d’administration des biens.
Le savoir mathématique, dans la civilisation mésopotamienne tout
comme en Égypte, formalisait ainsi un ensemble de connaissances, encore
rudimentaires mais pratiques, utiles pour l’exercice de certaines profes-
sions. En premier lieu, celle de scribe, un fonctionnaire dont la spécialité
était l’écriture officielle, et qui s’occupait aussi d’arpentage et de comptabi-
lité (d’où a été extrapolé le nom de géomètre). Ces connaissances servaient
par ailleurs aussi aux maîtres maçons, aux architectes, et aux marchands.
Pour résoudre les principaux problèmes de l’activité quotidienne, des
recettes méthodiques étaient élaborées et transmises. Par exemple, pour
calculer la surface d’un champ (ce qui constitue un problème de géomé-
trie), pour distribuer les vivres, la solde des troupes, pour attribuer un hé-
ritage, vendre ou acquérir des marchandises (ce qui pose un problème
arithmétique et de métrologie, impliquant la nécessité de déterminer des
procédés unifiés de mesure). Les calculs servaient non seulement aux actes
marchands et notariés, et aux registres comptables, mais aussi en astrono-
mie et en astrologie. L’observation et l’étude des étoiles ont constitué l’un
des centres d’intérêt humain les plus anciens, et elles sont intimement liées
aux mathématiques, qui de ce fait n’avaient pas un rôle seulement pratique.
À tel point qu'à Babylone, durant la période appelée paléo-babylonienne
(2 millénaire avJC), un intérêt se développa pour la résolution de pro-
ème
blèmes mathématiques liés aux activités administratives de l’époque, mais
aussi à des problèmes plus abstraits et ludiques, et dont la solution n’avait
pas d’utilité pratique directe. Certaines personnes instruites éprouvaient du
plaisir dans des défis intellectuels, et dans des activités artistiques, et à cette
époque, on attribuait beaucoup d’importance à la valeur intellectuelle. Au-
delà de leur travail bureaucratique, des scribes s’essayaient donc autant à la
composition de textes littéraires qu’à des exercices d’habileté mathématique.
Ils en devinrent de plus en plus experts, tant par goût du divertissement
que pour montrer leur talent, et se distinguer parmi leurs collègues. Leur
formation fut renforcée au cours des siècles, grâce à des écoles où les con-
naissances acquises étaient conservées et transmises de façon plus organisée
que ne le permettait la simple transmission orale en activité productive. Cela
nécessitait une pédagogie, appuyée sur des démonstrations, visant à motiver
les étudiants, ainsi qu’une organisation ordonnée des connaissances.
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