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Ceci a pu aller de la propagation du son, de la lumière, ou de la chaleur,
          jusqu’aux phénomènes de l’électricité et des ondes électromagnétiques, en
          passant par la structure de la matière, les réactions chimiques, le fonction-
          nement du corps humain, et bien d’autres choses. Les mathématiques ont
          permis de concevoir des modèles phénoménologiques selon des schémas
          cohérents,  fournissant  aux  sciences  un  instrument  efficace  pour  com-
          prendre en profondeur le sens et la portée des découvertes réalisées par
          l’observation  et  par  l’expérimentation.  Les  mathématiques  ont  ainsi  pu
          rendre plus efficaces les bases conceptuelles des principales théories scien-
          tifiques, comme la mécanique universelle, la théorie de l’électromagnétisme,
          la théorie de la relativité, et la mécanique quantique. Mais avec des limites.
             Car au 20 ème  siècle, les sciences physiques, les sciences humaines et
          sociales, et même les sciences de la vie, ont continué à apprécier de pou-
          voir disposer d’outils mathématiques avec lesquels elles pouvaient valider
          leurs découvertes et leurs théories. Mais ceci en remarquant que la véri-
          table  signification  de  certaines  théories  restait  incertaine,  et  qu'une
          science trop mathématisée risquait de devenir une accumulation de théo-
          ries spéculatives, en équilibre sur une base partielle de quelques faits ap-
          parents. De là, des doutes se sont instillés et installés. Au point que pour
          contribuer  à  cette  réflexion, une  discipline nouvelle,  l’ethnomathéma-
          tique, a même essayé de clarifier les relations entre les idées mathéma-
          tiques et la vision du monde des différents peuples, à travers leur menta-
          lité, leur culture, et leur relation avec leur contexte existentiel.
             Ce qui est intéressant, puisque les idées mathématiques ont effective-
          ment progressé sous des formes différentes dans les cultures humaines,
          depuis celles des Hommes primitifs, en passant par les civilisations an-
          tiques précoces (Mésopotamie, Égypte, Inde, Grèce, Chine), jusqu’aux
          cultures modernes les plus avancées technologiquement et sociétalement.
             En fait, chaque culture a conçu l’espace géographique et physique qui
          l’environnait (le village, avec son territoire, les rivières, les montagnes, le
          cosmos) dans le cadre d’un certain ordre physique normé. Et le cadre
          conceptuel à travers lequel le monde extérieur était considéré influait en
          retour sur la perception humaine des faits physiques. Ainsi, depuis l’an-
          tiquité grecque, la culture occidentale avait longtemps conçu le monde
          physique selon la géométrie d’Euclide : un espace à trois dimensions,
          continu  et  uniforme  (doté  partout  des  mêmes  propriétés),  formé  de
          points, de droites et de figures planes (comme le cercle, les triangles et
          les polygones) et de solides (comme la sphère, la pyramide et d’autres
          polyèdres). Mais ailleurs existaient d'autres conceptions.


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