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Le premier, dans son ouvrage Aryabhatiya, consacrait un chapitre aux
               mathématiques, illustré esthétiquement par des vers exprimant la géomé-
               trie, l’arithmétique, et l’algèbre, typiques de la tradition védique.
                 Puis une autre aire civilisationnelle majeure a pris le relai. Depuis le 7
                                                                          ème
               siècle avJC, avait commencé l’essor de la culture hellénique, une branche
               particulièrement fructueuse de la civilisation indo-européenne antique, qui
               rayonna dans tout le bassin méditerranéen par ses nombreuses cités et co-
               lonies. Cette culture a d’abord mûri en Grèce centrale et au sud des Bal-
               kans, puis dans les colonies grecques du sud-est de la péninsule italienne,
               et surtout en Ionie (Asie Mineure). C’est là en effet que se développa le
               mieux la pensée qui structura ensuite pour longtemps la philosophie et la
               science en Occident, avec le relai civilisationnel opportun de l’empire ro-
               main, où les modèles de raisonnement ioniens essaimèrent de manière fé-
               conde. Comme en Inde antique, les mathématiques, et en particulier la
               géométrie, y étaient considérées comme des savoirs de niveau supérieur
               aux connaissances ordinaires de la vie quotidienne. Ces savoirs, qui ont été
               exportés, ont contribué à perfectionner les connaissances, et à raisonner
               de manière logique et structurée, dans plusieurs autres grands peuples.
                 Les mathématiques, comme d’autres outils intellectuels des anciens
               Grecs,  étaient  considérées  comme  un  moyen  de  poser  d’importantes
               questions sur le monde et sa Physis, de façon rationnelle, et dans le but
               d’en comprendre la réalité. Les mathématiciens grecs élaborèrent pour
               cela des règles et des formules efficaces, faisant l’objet d’applications va-
               riées, reliées par une logique bien structurée. Le fait que nous considérions
               ces mathématiques comme un fondement de nos raisonnements ration-
               nels modernes est un héritage de cette pensée grecque, où les mathéma-
               tiques prirent progressivement le dessus sur d’autres savoirs, avec lesquels
               étaient maintenus cependant des échanges réciproquement utiles.

                  En outre, l’élite savante n’était pas la seule à en profiter. Des pra-
               tiques mathématiques plus simples mais utiles, parallèles aux mathéma-
               tiques théoriques avancées, prospéraient aussi dans des milieux plus po-
               pulaires, en se transmettant d’un pays à l’autre par l’intermédiaire des
               marchands  et  des  navigateurs.  Des  historiens  des  mathématiques  ont
               trouvé la trace de problèmes très particuliers et de devinettes mathéma-
               tiques,  énoncées par le mathématicien grec Diophante, et proposés au
               cours du Moyen Âge en Inde, mais également dans le monde arabe, et que
               l’on retrouvait jusque dans la tradition chinoise. On en a même remarqué
               dans un ouvrage de mathématiques récréatives d’origine grecque, écrit en
               latin, en France, à l’époque de Charlemagne.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      309
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