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Son disciple, Auguste Laurent (1807-1853), déduisit les conséquences
théoriques de cette découverte. Les hydrocarbures, composés seulement
d’hydrogène et de carbone, pouvaient être considérés comme des radi-
caux fondamentaux, à partir desquels, soutenait Laurent, on pouvait ob-
tenir au moyen de réactions de substitution appropriées des radicaux dé-
rivés, qui conservaient pour l’essentiel les mêmes propriétés que les radi-
caux d’origine. La théorie de Laurent semblait constituer une nouvelle
formulation améliorée de la théorie de Berzelius, mais le suédois réagit
une fois encore avec énergie contre cette hypothèse. Je ne peux pas ac-
cepter, soutenait-il, qu’un atome électronégatif comme le chlore puisse
remplacer un atome électropositif comme l’hydrogène. La théorie de
Laurent fut attaquée également par Liebig et par son puissant maître,
Dumas, membre influent de l’Académie des Sciences de France.
Bref, Laurent se retrouva pour longtemps relégué dans de petites uni-
versités de province, sanctionné pour avoir défié les grands de la chimie.
Toutefois, sa théorie, appelée théorie unitaire pour la distinguer de celle
de Berzelius, s’imposa lentement. Réussissant à convaincre finalement
Dumas, Laurent se consola en obtenant une chaire à Paris, mais où il
mourut, encore jeune, de tuberculose. La théorie des radicaux, surtout
avec l'amélioration de Laurent, avait finalement contribué à éclaircir la
chimie organique. Bien qu’elle ne soit pas rigoureusement correcte, elle
avait permis d’établir l’existence des groupes fonctionnels, qui avaient un
comportement particulièrement complexe, et qui échappaient aux lois
dualistes qui semblaient régir la chimie inorganique.
Mais cette théorie des radicaux ne pouvait pas, en l’état, être la théorie
définitive de la chimie organique, puisque les chimistes ne savaient encore
pas comment les atomes se liaient entre eux dans un composé organique, et
donc, comment ils pouvaient donner naissance à des groupes fonctionnels.
C’est pourquoi, quand l’affinité chimique a commencé à être mieux
comprise, et après la fin du 19 siècle, quand les précoces intuitions
ème
d’Avogadro ont été mieux acceptées, est née une théorie de la chimie or-
ganique plus complète : la théorie structurale. L’élaboration de cette théorie
a été facilitée par une série de nouvelles découvertes de composés orga-
niques, par lesquelles vers 1850, Hermann Kolbe obtint l’éthane, Edward
Frankland le butane, et Charles Wurtz les amines primaires.
On commença alors à reconnaître les groupes fonctionnels de différents
composés organiques, et des formules d’analogie furent élaborées, que
Kolbe allait pouvoir rendre semblables aux formules développées modernes.
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