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Une nouvelle et puissante industrie a pu alors s’organiser et produire,
          surtout en Europe et en Amérique. La chimie organique du pétrole com-
          mença à traiter des produits variés dans les pays les plus avancés, mais tout
          cela sans que personne ne sache encore expliquer pourquoi les atomes
          s’unissaient  ainsi  entre  eux.  Le  développement  de  la  chimie  organique
          après 1860 résulta quoi qu’il en soit du raisonnement logique quantitatif le
          plus remarquable que l’on ait eu jusqu’alors, et cette chimie, vers le milieu
          du 19  siècle, mobilisait la plupart des chercheurs. À tel point que la chi-
               ème
          mie physique subsistait avec difficulté, peu nombreux étant les chimistes
          qui restaient attirés par l’étude de la matière inorganique. Ce domaine sem-
          blait plus ingrat, les travaux expérimentaux y précédant de beaucoup les
          succès théoriques, et une telle valorisation décalée des travaux, qui n’ame-
          nait pas de notoriété rapide, freinait les vocations.
             Malgré tout, on y améliora, par exemple, les techniques qui permettaient
          de déterminer avec une meilleure exactitude les poids atomiques et les poids
          équivalents. Et dans les années 1820 et 1830 on isola de nouveaux éléments.
          Après le sodium et le potassium, déjà isolés au début du siècle, ce fut au tour
          du silicium et du zirconium en 1824, du titane et de l’aluminium en 1825, du
          thorium et du béryl en 1828, du magnésium en 1831.
             Au cours des années suivantes, grâce au développement des techniques
          électrolytiques, ont été isolés tous les métaux du groupe platine, tandis qu’il
          devenait possible d’obtenir de nouveaux éléments sous une forme de plus
          en plus pure, comme les halogènes qui, bien que très réactifs, furent tout de
          même isolés à l’état pur. Il faudra attendre 1886 pour que le fluor soit isolé
          par Henri Moissan.
             Dans la deuxième partie du 19 ème  siècle, on commença à identifier les
          terres rares, grâce à une découverte destinée à avoir un grand impact sur
          la chimie analytique : la spectroscopie. On savait depuis longtemps que
          les éléments chimiques absorbaient la lumière de façon diversifiée et ca-
          ractéristique. Et en 1758, Marggraf avait remarqué que le sodium et le
          potassium prenaient une certaine couleur dans la flamme. Lavoisier lui-
          même, puis Laplace, avaient déjà effectué des recherches de colorimétrie.

             En 1822, l’astronome Herschel avait pour sa part remarqué des lignes
          lumineuses et des espaces sombres dans le spectre d’absorption de la
          flamme du sodium et du potassium. Mais ce n’est qu’en 1859 que Robert
          Bunsen et Gustav Robert Kirchhoff démontrèrent que chaque élément
          présentait des raies d’absorption caractéristiques, et que ces raies pou-
          vaient subir des perturbations par la présence d’autres éléments.



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