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En d’autres termes, le radical cyanure, bien qu’il soit un composé, se
comportait comme une substance simple. De la même façon, Justus Liebig
et Friedrich Wöhler démontrèrent que l’huile d’amandes amères (la ben-
zaldéhyde) était composée d’atomes de carbone, d’hydrogène et d’oxy-
gène, qui pouvaient subir sans altération une longue série de réactions. Le
groupe a été par conséquent appelé radical benzoyle. D’autre part, Liebig
pensait que le radical éthyle, quand il réagissait avec l’oxygène, donnait de
l’éther éthylique, et quand il réagissait avec de l’eau, donnait de l’alcool. En
réalité, Liebig commettait une erreur, qu’on peut attribuer à son tempéra-
ment réactif personnel vis-à-vis du concept de poids atomique. L’éther
éthylique, en effet, de formule brute C H O, avait la formule développée
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C H -O-C H . Il possédait donc deux radicaux éthyliques, tandis que l’al-
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cool éthylique, de formule brute C H O, présentait la formule développée
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C H -OH où n’apparaissait qu’un seul radical éthylique. Mais, au-delà de
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ces erreurs formelles, le concept de radical, groupe d’atomes ayant chimi-
quement une action d’ensemble, devint l’un des concepts fondamentaux
de la chimie organique. De guerre lasse, Berzelius finit par l'accepter.
En 1837, Liebig et Dumas purent donc affirmer que le concept de radi-
cal résolvait tous les problèmes de la chimie organique. La chimie inorga-
nique, soutenaient-ils, était faite de radicaux simples, et la chimie organique
de radicaux complexes, et du fait que tous, radicaux simples et complexes,
étaient soumis aux mêmes lois de combinaison et de réaction, beaucoup de
choses étaient éclaircies. Toutefois, Berzelius revint sur la structure du radi-
cal benzoyle, et il réfléchit au le fait qu’il contenait un atome d’oxygène,
élément situé plus haut dans l’échelle des électronégativités. Comment
l’oxygène, avec toute sa réactivité, pouvait-il jouer un rôle secondaire dans
le radical benzoyle ? Il finit par comprendre que le radical benzoyle ne con-
tenait pas d’oxygène, qu’il était formé seulement de carbone et d’hydrogène,
et que plus généralement tous les radicaux étaient formés seulement de car-
bone et d’hydrogène, qui pouvaient ensuite réagir avec l’oxygène.
Mais dans sa tentative de démonstration de cette découverte, Berzelius
décrivit une série si compliquée de radicaux composés seulement d’hydro-
gène et de carbone, que la plupart des chimistes ne le suivirent plus comme
avant. Malgré cela, la complexité de la chimie organique devenait de mieux
en mieux gérée, même si elle semblait plus complexe que celle que proposait
d'expliquer la théorie des radicaux. Dumas, par exemple, découvrit en 1834
que les hydrogènes du radical éthylique pouvaient être remplacés par des
halogènes (atomes de chlore, fluor, brome, et iode) dans une réaction pro-
duisant un volume égal d’acide halogénhydrique.
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