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Une molécule était à la fois une particule fondamentale (en l’occur-
               rence, de gaz) et une association de deux ou plusieurs atomes. Si l’on
               tenait compte de cela, soutenait Avogadro, le rapport entre les masses de
               deux volumes égaux de gaz pouvait fournir de façon simple et précise le
               rapport entre les masses de leurs molécules. De cette façon, le chimiste
               italien calculait (avec une bonne approximation) que le poids atomique
               de l’oxygène était égal à 15,074 fois celui de l’hydrogène et non pas 6 ou
               8 fois, comme on le croyait. Autrement dit, l’intuition d’Avogadro était
               qu’il fallait faire une distinction entre les atomes, qu’il appelait molécules
               élémentaires, et les molécules, qu’il appelait molécules intégrantes.
                 Avogadro expliquait que les molécules élémentaires (atomes) pou-
               vaient se combiner entre elles pour donner des molécules intégrantes.
               Par exemple, deux atomes d’hydrogène pouvaient se combiner entre eux
               pour donner une molécule d’hydrogène (H+H=H²). À leur tour, les mo-
               lécules intégrantes pouvaient réagir avec des molécules élémentaires ou
               avec d’autres molécules intégrantes, en se décomposant et en se recom-
               binant pour produire de nouveaux composés.
                 Une molécule élémentaire d’oxygène, soutenait Avogadro, pouvait ré-
               agir avec une molécule intégrante d’hydrogène pour former une molécule
               intégrante d’eau (H² + O = H²O). Amedeo Avogadro n’avait donc pas
               découvert seulement le concept de molécule, il avait aussi découvert la
               façon dont les éléments se combinaient entre eux pour constituer les
               composés les plus variés. Son hypothèse, toutefois, n’a pas été aussitôt
               acceptée. En particulier par les deux chimistes qui jouissaient de la plus
               grande autorité à l’époque, Dumas et Berzelius, qui ne réussirent pas à
               accepter cette façon dont deux atomes pouvaient se lier entre eux.
                 Il a fallu attendre encore un demi-siècle pour que tous les chimistes
               rendent justice aux hypothèses d’Avogadro. Entre temps, le problème de
               la combinaison chimique, qui aurait été en grande partie résolu par l’accep-
               tation de ces hypothèses, est  resté  temporairement confus, notamment
               parce que les tableaux des poids atomiques, établis avec une bonne ap-
               proximation par Berzelius, n’avaient pas encore de base théorique exacte.
                 Cette lacune était compensée par des chimistes qui préféraient utiliser
               temporairement un concept plus pratique : le poids équivalent, qui tenait
               compte du rapport entre les poids des éléments qui se combinaient entre
               eux. Tout le monde, toutefois, ne faisait pas une différence nette entre le
               poids atomique et le poids équivalent. Et William Prout, pour sa part, sou-
               tenait encore en 1816 que l’hydrogène était la matière primordiale à laquelle
               se référaient les anciens, ce dont la pertinence était discutable.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      287
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