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Il exposait qu’un atome d’un élément pouvait s’associer avec un ou plu-
          sieurs atomes d’un autre élément, selon des proportions multiples, mais
          constantes, comme le soutenait aussi Proust. L’alcool, par exemple, selon
          Dalton, était constitué de 7 atomes : 4 de carbone, 2 d’oxygène et un d’hy-
          drogène. La formule était erronée (on sait aujourd’hui que l’alcool éthylique
          a 2 atomes de carbone, 6 d’hydrogène et un d’oxygène), mais la théorie de
          Dalton, malgré quelques inexactitudes et rigidités, permettait aux chimistes
          de donner une meilleure base quantitative à la conception atomique de la
          matière, tout en donnant aussi un sens plus précis au concept d’élément
          chimique, et en expliquant la discontinuité des proportions selon lesquelles
          les atomes se combinaient entre eux. On pouvait commencer ainsi à repré-
          senter plus schématiquement la répartition des atomes dans les composés.

             Dans ces années-là, le français Joseph Gay-Lussac (1778-1850) décou-
          vrait pour sa part que les gaz se combinaient entre eux selon des rapports
          simples de volume. Si bien qu’en 1809, il put lui aussi généraliser ses résul-
          tats expérimentaux et annoncer que les proportions selon lesquelles les gaz
          se combinaient étaient constantes, et définies selon des nombres entiers.
          Gay-Lussac, et Alexander von Humboldt, confirmèrent que l’hydrogène et
          l’oxygène se combinaient dans un rapport 2 à 1 pour constituer de l’eau, et
          d’autres chercheurs ajoutèrent que dans l’ammoniaque le rapport entre l’hy-
          drogène et l’azote était de 3 à 1. Ces résultats n’ont pas été acceptés par
          Dalton, mais ils ont été pris en compte et valorisés par Berzelius.
             Berzelius voulait vérifier la loi des proportions multiples et à déterminer
          avec précision les poids atomiques des éléments. En chemin, il identifia de
          nouveaux éléments, comme le silicium, le titane et le sélénium. Puis il intro-
          duisit une nomenclature des symboles chimiques. Dans le système symbo-
          lique de Berzelius, chaque élément était caractérisé par une lettre majuscule,
          la première de son nom latin, suivie par une deuxième lettre minuscule, en
          cas de confusion. C’est ainsi que le symbole de l’hydrogène devint H ; celui
          du sodium, Na ; du chlore, Cl ; de l’oxygène, O ; de l’azote N.
             Ainsi, quelques années seulement après la mort de Lavoisier, la chimie
          devenait une science de plus en plus systématique et quantitative, avec des
          équations faciles à formuler et à résoudre, et des symboles plus simples à
          manipuler. En contribuant à cet élan porteur, le chimiste italien Amedeo
          Avogadro (1776-1856) allait même atteindre les résultats théoriques les
          plus intéressants de son époque. Car dès 1811, il reprit l’idée, avancée
          puis écartée par Dalton, suivant laquelle des volumes égaux de gaz diffé-
          rents contenaient le même nombre de particules, mais non pas d’atomes,
          précisait Avogadro, parce qu’il s’agissait en fait de molécules.


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