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D’autres chimistes s’intéressèrent à leur tour à cet instrument capable
               de démultiplier leur potentiel expérimental, comme William Nicholson
               et Anthony Carlisle, qui réalisèrent notamment une décomposition de
               l’eau. L’électrochimie s’organisa alors rapidement. Humphrey Davy, à
               Londres, donna une forte impulsion à cette nouvelle sous-discipline de
               la chimie, en isolant le sodium et le potassium à l’état de métaux, puis le
               baryum, le magnésium, le calcium et le strontium.
                 Parmi les disciples de Davy figurait Michael Faraday (1791-1867), un
               savant qui allait attacher son nom à la physique de l’induction électrique,
               en plus des résultats qu’il avait obtenus dans le domaine chimique. Entre
               1832 et 1833, il démontra que la quantité de substance qui se décomposait
               dans une électrolyse était proportionnelle à l’intensité et au temps d’appli-
               cation du courant. Faraday, devenu un personnage important à la fois en
               électrochimie et en électrophysique, proposa alors d’introduire une no-
               menclature rationnelle. William Whewell lui suggéra de nommer électrodes
               les pôles où se déposaient les substances, en distinguant la cathode pour le
               pôle négatif, l’anode pour le pôle positif, et l’ion pour les particules char-
               gées, lesquelles pouvaient être distinguées en anions pour les particules à
               charge négative, et en cations pour les particules à charge positive. Cette
               nomenclature a convaincu, a été appliquée, et est restée en usage depuis.

                 Mais dans le domaine électrochimique, c’est surtout le travail mené au
               début du siècle par Berzelius et Hisinger qui a conduit aux conséquences
               théoriques les plus fondamentales. En effet, il en ressortit que les bases
               migraient vers le pôle positif, et portaient donc une charge négative, tandis
               que les acides migraient vers le pôle négatif, et portaient donc une charge
               positive. Puisqu'on savait déjà que les acides et les bases réagissaient d’au-
               tant plus violemment qu’ils étaient forts, pour donner des sels, et qu'on
               découvrait qu’ils portaient aussi des charges électriques opposées, cela si-
               gnifiait-il que l’affinité chimique avait un lien avec la charge électrique ?
                 Ce n’était pas un mince problème, étant donnée la confusion qui ré-
               gnait encore dans le domaine de la chimie théorique. William Cruikshank,
               par exemple, avait avancé l’hypothèse selon laquelle le courant électrique
               était un fluide qui se présentait sous la forme d’une substance chimique
               semblable  au  calorique,  et  que  quand  certaines  espèces  chimiques,
               comme l’oxygène et l’hydrogène, atteignaient les électrodes, et se combi-
               naient avec cette substance électrique, elles étaient libérées. De son côté,
               Davy pensait que les espèces chimiques se chargeaient électriquement en
               s’approchant l’une de l’autre, si bien qu’un composé pouvait naître de
               l’attraction de charges opposées qui essayaient de se neutraliser.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      283
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