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Ce qui pourrait atténuer une partie du caractère arbitraire de la subdi-
vision de la ligne évolutive. Un nouveau critère fait donc tenir compte du
passé évolutif connu de l’espèce, en définissant aussi l’espèce comme une
séquence de populations entre ses ancêtres et ses descendants, séquence
qui se développe séparément d’autres lignes évolutives.
On peut remarquer quoi qu’il en soit que ces différentes définitions
s’appliquent à coordonner les nombreux aspects de la réalité complexe
des espèces, sachant que la variabilité étant la principale norme naturelle
constatée, on ne doit pas séparer arbitrairement ce qui relève d’un conti-
nuum spatial et temporel naturel, par des outils conceptuels créés par
l’Homme pour ses propres besoins. La réflexion prend aussi par là un
caractère partiellement philosophique, car comme nous l’avons remarqué
précédemment, les genres, les familles, les classes, n’existent pas objecti-
vement dans la nature.
En ce qui concerne l’espèce, l’analyse biologique, et peut-être aussi l’ana-
lyse écologique, traitent de quelque chose qui existe clairement. Mais on ne
peut pas en dire autant du concept cladistique, même qualifié d'évolutif, ni
des regroupements supérieurs, qui ont été définis à travers des attributs sur-
tout morphologiques, et selon des choix arbitraires. Le critère morpholo-
gique résulte notamment d'apparences et d’appréciations en partie subjec-
tives. Et dans la mesure où les regroupements supérieurs sont fondés sur
ce critère, on doit admettre qu’ils n’existent pas aussi distinctement dans la
nature, et qu’ils ne sont que des simplifications qui en facilitent l’étude.
En poursuivant ce raisonnement, il faut définir aussi à quelle échelle de
mesure l’observation et l’analyse restent assez fiables. C’est pourquoi,
quand on aborde des problèmes relatifs à des phénomènes qui ont lieu à
un niveau situé au-dessous de l’espèce, on parle en termes de microévolu-
tion. Inversement, quand on dépasse ce niveau d’observation, et que l’on
commence à observer les changements évolutifs à plus grande échelle, on
doit plutôt raisonner en termes de macroévolution.
Et une question importante qui vient quand on passe à cette échelle
d’observation est de savoir si la macroévolution est une microévolution
extrapolée sur une échelle temporelle plus grande, ou bien si elle est un
phénomène à part, pas incompatible, mais qui fait intervenir des méca-
nismes et des analyses différents de ceux qui animent la microévolution.
C'est pourquoi le moyen principal dans l’étude de la macroévolution
est surtout la mesure du taux d’évolution d’une structure ou d’une espèce,
principalement à partir de la datation des fossiles disponibles.
122 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL