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Cette classification en règne, phylum, ordre, classe, famille et genre, est
          toutefois artificielle, puisque la nature n’organise pas une telle hiérarchie, et
          que les catégories d’êtres vivants s’entrecroisent selon leur libre évolution
          adaptative au cours du temps. Mais une telle classification statistique pré-
          sente un intérêt, notamment didactique, pour ordonner les organismes, des
          plus simples aux plus complexes, selon les concepts et les besoins humains.
             Dans ce domaine, cohabitent différentes écoles de taxinomie, qui usent
          de méthodes et de références différentes. L’école dite cladistique, ou phy-
          logénétique, vise à construire un système dans lequel les organismes sont
          regroupés en catégories qui rendent compte de leurs rapports de parenté.
          Son fondateur, Willi Hennig, voulait transformer en modèle d’arbre généa-
          logique sa classification, sur la base des critères les plus pertinents. Les ca-
          ractères y sont donc analysés et répertoriés comme caractères ancestraux,
          ou  bien  comme  caractères  dérivés  (c’est-à-dire  comme  caractères  plus
          avancés et plus modernes du point de vue évolutif). Ce critère temporel
          caractéristique y sert de guide pour la reconstruction phylogénétique et
          pour la définition systématique cladistique des animaux et des plantes.
             De son côté, l’école phénétique considère le plus grand nombre pos-
          sible de caractères, indépendamment de leur signification évolutive, et les
          classe par des algorithmes mathématiques et statistiques (taxinomie nu-
          mérique). Elle renonce a priori à opérer une reconstruction évolutive pré-
          maturée des organismes, et vise d'abord à une classification pragmatique.
          Mais une certaine incertitude demeure, puisque les résultats des deux mé-
          thodologies peuvent être différents, et que chacun de ces deux systèmes
          de classification présente à la fois des avantages et des limites.
             Par exemple, la méthode phénétique ne fournit pas d’informations
          sur les relations de parenté qui existent entre les organismes, et sa classi-
          fication peut laisser de côté des caractères importants parce qu’ils ne peu-
          vent  faire  l’objet  d’une  détermination  numérique  suffisante.  Quant  à
          l’école phylogénétique, tout en étant plus objective, elle peut parfois être
          incertaine, et présenter des lacunes, précisément parce que l’histoire évo-
          lutive d’une espèce et ses rapports phylogénétiques avec d’autres espèces
          ne sont pas toujours assez clairement analysables.
             C’est pourquoi une nouvelle école de classification, appelée taxinomie
          évolutive, a admis l’usage d'autres approches méthodologiques (l’analyse
          phylogénétique  des  caractères,  et  l’élaboration  numérique),  pour  mieux
          unifier en une seule méthode les apports des deux analyses précédentes.
          En outre, un autre concept d’espèce, qualifié d’écologique, y a été proposé.



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