Page 157 - Annales EH 1998-2018
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Cela implique, notamment, de ne pas bloquer le développement moderne, et surtout
pas le développement des communautés humaines qui en ont le plus besoin, sous
prétexte de limiter des émissions de CO², ou pour toute autre mauvaise raison.
En tenant compte de ces nécessités redéfinies, les membres de la Conférence des
ONG peuvent utilement contribuer aux missions de l’ONU, notamment pour cer-
tains des Objectifs du Millénaire pour le Développement
- l’objectif 7, qui prévoit d’assurer un environnement durable, en gérant bien les res-
sources environnementales dans l’intérêt général, et en améliorant l’accès à l’eau po-
table et à l’hygiène de vie courante pour la plus grande partie possible de la popula-
tion ;
- l’objectif 8, qui prévoit de mettre en place un partenariat mondial pour le dévelop-
pement, en appliquant un système commercial et financier juste et accessible à tous,
en favorisant un travail décent et suffisant, et en améliorant l’accès aux nouvelles
technologies de l’information et des communications.
… ces objectifs devant toutefois être replacés dans l’esprit de la Déclaration du Droit
au Développement adoptée par l’ONU en 1986, et réalisés en conséquence.
Il est important de retrouver du sens et de l’ambition aux actions. Car l’utilité des
membres de la Conférence des ONG est d’informer et de mobiliser la société civile
et les opinions publiques, pour que le plus possible de personnes et de structures ci-
toyennes soient capables d’influer sur les orientations politiques mondiales, dans
l’intérêt général, en exigeant l’application des décisions communes les plus construc-
tives de la communauté internationale. Pour cela, il est important que des ONG non
occidentales, nationales et internationales, s’investissent aussi et prennent une place
significative dans les travaux communs, qui leur profitent directement.
Il est important, enfin, de produire moins de réunionite et plus de résultats concrè-
tement utiles. Il y a une disproportion préoccupante entre le grand nombre de confé-
rences, colloques, comités, réunions, campagnes, et le peu de changement réel que
cela produit sur la situation planétaire, tant sociétale qu’environnementale. Beaucoup
trop de responsables de structures collectives organisent ou participent à des opéra-
tions qui donnent l’impression d’être utile, mais qui n’apportent pas, ou trop peu, de
changement réel. Et beaucoup trop d’organisations s’alignent sur la tendance la plus
médiatisée du moment sans analyse prudemment critique.
Quel est l’intérêt de valoriser des interventions selon la quantité des bonnes inten-
tions apparentes ou des effets d’annonce, plutôt que selon la quantité des résultats
utiles ? A cause de cela, beaucoup de participants et d’observateurs se perdent dans
l’accessoire, en ne distinguant pas, ou en négligeant, l’essentiel. L’essentiel, en matière
de développement, est évidemment d’aider à mieux vivre ceux qui en ont le plus be-
soin, … mais en actes plutôt qu’en paroles et en intentions.
C’est aussi de convaincre et de décider les opinions publiques et les décideurs politi-
ques à changer rapidement et concrètement les relations internationales, pour réaliser
enfin un développement basé sur la justice, la non-conflictualité, et le partage soli-
daire des ressources. Alors que vouloir sauver le monde et le climat terrestre en sa-
pant la société moderne, le progrès technologique, et l’industrie, provoquerait le
chaos, la misère, et l’affrontement. Le remède serait pire que le mal.
Le chaos et le conflit peuvent profiter à des manipulateurs assez habiles pour espérer
(à tort ou à raison) en sortir renforcés. Et qui peuvent organiser la situation en consé-
quence, comme nous le constatons aujourd’hui. Ne nous laissons pas piéger.
Au contraire, en nous mobilisant opportunément, le développement peut s’inscrire
dans une perspective de paix et de bonne gouvernance, qu’il faut contribuer à pro-
mouvoir de notre mieux. Alors, bienvenue à toutes les bonnes volontés dans ce nou-
veau chantier d’intérêt général.
Conférence des ONG en statut à l’ONU / Comité du Développement – Genève Rapport de relance Marc CARL mai 2008 page 10