Page 151 - Annales EH 1998-2018
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Et  finalement,  inévitablement,  tout  cela  se  retrouve  dans  le  creuset  commun  de
                             l’ONU, exprimé selon le rapport de forces et d’influences du moment.
                             C’est ainsi que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon a annoncé lors de la
                             conférence de Bali en décembre 2007 qu’il était d’accord pour que soient imposés
                             des plafonds obligatoires d’émissions de CO², notamment aux grands pays émergents
                             comme la Chine et l’Inde.

                             Les pays non-occidentaux ont évidemment refusé de se laisser enfermer dans un tel
                             carcan, sachant déjà qu’à la simple lecture des rapports du GIEC il apparait que les
                             effets du réchauffement climatique prévu, pour autant qu’ils soient réels, devraient
                             profiter  naturellement  plus  aux  pays  avancés  du  Nord  qu’aux  pays  défavorisés  du
                             Sud.  Mais  compte-tenu  des  rapports  de  forces,  le  représentant  pakistanais  Munir
                             Akram a révélé publiquement que les pays en développement ont été menacés de
                             sanctions commerciales et soumis à de fortes pressions pour accepter tout de même
                             de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
                             Ce contexte diplomatique est déstabilisant. On en arrive à une situation où l’ONU est
                             considérée  comme  instrumentalisée  par  des  écolo-altermondialistes  aux  yeux  des
                             principaux décideurs occidentaux, et en même temps considérée comme instrumen-
                             talisée par des nations occidentales aux yeux des autres décideurs du monde. La mé-
                             fiance y imprègne les échanges, malgré les consensus diplomatiquement corrects
                             Il est clair aussi que le suivisme catastrophiste décrédibilise l’ONU, et ce n’est pas
                             nouveau. En 1970, l’ONU relayait déjà officiellement les théories de la NOAA et de
                             la NAS américaines, qui prétendaient que la Terre serait entrée dans un nouvel âge
                             glaciaire  en  l’an  2000,  renforçant  l’avis  de  l’Environmental  Defense  Fund  comme
                             quoi le refroidissement planétaire rapide constaté depuis la seconde guerre mondiale
                             serait  lié  à  la  pollution  et  à  l’explosion  démographique.  La  responsabilité  humaine
                             commençait dès lors à être mise en avant, et cela allait continuer de plus en plus.

                             Sur ce sujet démographique, en 1980, l’ONU surenchérissait en déclarant que selon
                             les simulations informatisées de ses experts, la population terrestre serait bientôt de
                             15 milliards d’habitants. En 2003, l’ONU (par son GIEC) inversait ses prévisions : la
                             température planétaire n’allait pas baisser mais monter de +6°C, …en causant autant
                             de désastres. En 2007 ce chiffre a été réduit de moitié, mais la responsabilité humaine
                             dans le dérèglement climatique est restée pointée.  On retrouve là un enchainement
                             manipulatoire classique : un danger supposé, des causes, des coupables, et des "justes
                             réactions" introduites par une propagande ad-hoc.
                             Dans cette logique, un rapport préparé sous la direction du PNUE (Programme des
                             Nations Unies pour l’Environnement) pour la Conférence de Bali, a averti officielle-
                             ment  les  décideurs  mondiaux  que  le  réchauffement  climatique  provoquera  des
                             conflits politiques et militaires dans plusieurs régions du monde. Ce n’est pas anodin.

                             L’ONU a donc confirmé en 2007 des menaces pour la sécurité mondiale liées au ré-
                             chauffement climatique, fait d’autant plus significatif que cela est venu quelques mois
                             après un débat de son Conseil de Sécurité sur ce sujet, en avril 2007. Ce débat a été
                             peu médiatisé, mais il est important. Cela dévoile un aspect significatif de la manipu-
                             lation climato-alarmiste, et cela éclaire les enjeux sous-jacents.
                             En effet, depuis les années 1990, les Etat-Majors des pays occidentaux avaient prévu
                             différentes stratégies pour surmonter des crises liées à des catastrophes climatiques.
                             Mais les gouvernements intéressés n’avaient pas encore porté le problème politique-
                             ment jusqu’au Conseil de Sécurité de l’ONU. En 2003, un rapport commandé par le
                             Ministère de la Défense des USA à des experts de la CIA avait commencé à envisager
                             des problèmes sécuritaires socio-environnementaux et avait préconisé des réponses
                             militaires fortes "sans regrets ni remords". Des Etat-Majors européens en avaient fait
                             de même de leur côté.
                             Mais  en  avril  2007,  une  nouvelle  étape  a  été  franchie.  Le  Conseil  de  Sécurité  de
                             l’ONU s’est réuni à la demande du Royaume Uni, pour débattre des dangers liés au

                  Conférence des ONG en statut à l’ONU /  Comité du Développement – Genève    Rapport de relance     Marc CARL    mai 2008        page 4
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