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Tous ces résultats, qui soulignaient l’importance de l’instabilité et des
          forces de cette circulation, outre la récurrence de ses phénomènes, ame-
          nèrent  au  constat  qu’une  description  de  la  circulation  atmosphérique
          n’était pas possible à travers la méthode théorique classique, limitée par
          ses moyens de recoupement peu réactifs, et ses calculs mal approfondis.
          En d’autres termes, la circulation atmosphérique était un problème si
          complexe qu’elle ne pouvait être décrite qu’au moyen d’équations mathé-
          matiques impossible à résoudre alors vite avec du papier et un crayon.
             L’arrivée des ordinateurs changea donc opportunément la situation.
          La première simulation numérique d’un modèle atmosphérique fut effec-
          tuée à Princeton, au début des années 1950, par un groupe qui comprenait
          Jules Charney, John von Neumann et Joe Smagorinsky, sur l’un des pre-
          miers ordinateurs mécaniques disponibles. L’expérience fut aussitôt un
          succès, bien que pour s’adapter aux limites de la machine, ils aient adopté
          une simplification particulière des équations, qui consistait à considérer
          l’atmosphère sans épaisseur particulière. En l’espace de quelques années,
          divers autres modèles numériques furent utilisés pour effectuer des prévi-
          sions du temps au Service météorologique des USA.

             Les potentialités des modèles numériques comme instruments d’étude
          et de recherche apparurent si évidentes qu’aux USA fut créé un laboratoire
          entièrement  consacré  à  l’étude  de  l’atmosphère  par  simulations  numé-
          riques. Ce laboratoire a été appelé GFDL, Geophysical Fluid Dynamics
          Laboratory  (Laboratoire  de  Dynamique  Fluide  Géophysique).  Situé
          d’abord à Washington, il intégra, à partir de la fin des années 1960, le cam-
          pus de l’université de Princeton, au New Jersey. Sous la direction de Joe
          Smagorinsky, ce laboratoire se hissa rapidement à l’avant-garde du déve-
          loppement de la météorologie mondiale, obtenant une série de succès im-
          portants  qui  ont  contribué  à  l’affirmation  des  techniques  numériques
          comme principaux outils d’étude dans ce domaine.
             Effectivement, c’est au GFDL que furent réalisés le premier modèle de
          circulation générale, et le premier ensemble d’équations mathématiques
          permettant de décrire cette circulation générale. On y démontra l’origine
          de la stratification thermique de l’atmosphère, et l’importance de l’équilibre
          radiatif convectif. On y réalisa également les premiers modèles couplés
          qui  simulaient  à la  fois  le  comportement  de l’atmosphère  et  celui  de
          l’océan. Vers le début des années 1970, les études pionnières de Kiku
          Miyakoda, un spécialiste du GFDL, montrèrent la possibilité d’étendre
          des prévisions numériques jusqu’à dix jours, et parfois davantage.



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