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Dove prétendait que les tempêtes n’étaient pas rotatoires, mais qu’elles
étaient le résultat de fluctuations des courants généraux. Il considérait que,
dans le cadre du modèle de la circulation générale de Thomson-Ferrel, il
existait deux courants atmosphériques principaux, semblables à deux
fleuves d’air : l’un chaud et humide, situé aux latitudes tropicales, et l’autre
froid et sec, agissant aux latitudes polaires. Les tempêtes étaient simple-
ment une transition d’un fleuve à l’autre, le résultat du passage rapide des
fleuves d’air au-dessus d’une certaine zone. Pour appuyer ses dires, Dove
présentait de nombreuses observations effectuées en Europe. Les rares
données pertinentes disponibles ne permettaient pas de choisir entre l’une
et l’autre des deux théories, si bien que, comme il arrive souvent quand
les observations ne sont pas suffisantes et que la force des arguments
scientifiques dépend de l’impact des arguments verbaux, il s’ensuivit une
série de disputes interminables.
Ce différend a été résolu par une explication en deux temps. Le premier
pas consista à reconnaître que la circulation générale était dans un état na-
turellement turbulent. Cette théorie fut formulée par un groupe de cher-
cheurs norvégiens passés à la postérité sous le nom d’École de Bergen,
dirigés par Vilhelm Bjerknes (1862-1951) et par son fils Jakob (1897-1975).
L’École de Bergen formula l’hypothèse que les perturbations mouvantes
typiques des moyennes latitudes étaient causées par une confrontation in-
cessante entre l’air d’origine équatoriale et l’air d’origine polaire.
La zone de contact était une zone fortement turbulente, dans laquelle
les masses d’air étaient continuellement brassées, mais où l’on pouvait re-
connaître des contours nets, les fronts. Le mouvement de ces fronts déter-
minait le temps atmosphérique qui était observé au jour le jour. Les tourbil-
lons qui mélangeaient les masses d’air sur le front avaient un cycle bien pré-
cis, avec des phases nettes de croissance rapide, de stabilisation et d’affai-
blissement. Autrement dit, les tourbillons constitutifs de tempêtes nais-
saient, croissaient et mouraient, naturellement et de manière récurrente.
En termes plus précis, Vilhelm Bjerknes (1937-1951) suggéra que la
circulation que l’on observait jour après jour dans l’atmosphère était le
résultat du développement d’instabilités de toutes natures. En particulier,
Bjerknes émit l’hypothèse selon laquelle la circulation de Ferrel-Thom-
son représentait l’état de base, spontanément instable, de la circulation.
Les instabilités de l’état de base, après une période initiale de croissance
linéaire, se stabilisaient plus ou moins, de façon non linéaire, après avoir
déformé et tordu la circulation de Ferrel-Thomson.
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