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En toute rigueur, le mouvement du pilote ne relève pas de la relativité
               restreinte, mais le résultat trouvé reste valable, car on peut toujours faire
               en sorte que la durée du demi-tour (pendant lequel la théorie de la relati-
               vité restreinte ne s’applique pas) soit très petite par rapport à la durée
               totale  du  voyage  :  le  pilote  peut  alors  théoriquement  revenir  de  son
               voyage plus jeune que son frère resté à Terre.
                 L’expérience décrite au paragraphe précédent a été vérifiée avec des
               horloges atomiques en 1976 : l’une des horloges, embarquée à bord d’une
               fusée, retardait à son retour par rapport à l’horloge restée à Terre, et le
               retard coïncidait avec celui prédit par la théorie.
                 Une autre preuve a été fournie par l’observation sur Terre de muons
               (ou mésons mu) produits par des collisions de rayons cosmiques avec
               des atomes dans la haute atmosphère. Les muons sont des particules ins-
               tables, dont la durée de vie n’est que de 2 microsecondes. Plus précisé-
               ment, dans son propre référentiel, c’est la durée moyenne d’existence
               avant désintégration d’un muon. Si l’on appliquait la mécanique classique,
               même en se déplaçant à la vitesse de la lumière, les muons ne pourraient
               parcourir que 600 mètres avant de se désintégrer, ce qui ne leur permet-
               trait pas de traverser l’atmosphère pour arriver sur Terre.
                 En fait, dans le référentiel de la Terre, la durée de vie des muons est
               beaucoup plus grande, car la vitesse des muons par rapport à la Terre est
               effectivement proche de celle de la lumière. Par exemple, les muons qui
               ont une vitesse égale à 0,99 c par rapport à la Terre ont un temps de vie
               de 14 microsecondes dans le référentiel de la Terre, ce qui leur permet
               de parcourir plus de 4 km avant de se désintégrer, et donc de traverser
               l’atmosphère. Et certains muons ont une vitesse encore plus proche de c,
               et donc une durée de vie (dans le référentiel de la Terre) encore plus grande.
               Ces conséquences du principe de relativité sont analysées et utilisées en
               cinématique, qui considère le mouvement sans se préoccuper de sa cause.
                 En ce qui concerne la dynamique, voyons maintenant comment sont mo-
               difiées  théoriquement  les  lois  du  mouvement  de  Newton,  et  les  consé-
               quences. Nous savons déjà que la masse inertielle est un coefficient de pro-
               portionnalité entre l’accélération d'un corps et la force qui la cause. Par ail-
               leurs, dans un référentiel donné, aucun corps ne peut avoir une vitesse supé-
               rieure à celle de la lumière, et la même limite s’impose à la propagation des
               informations. Ceci induit que la masse inertielle d’un corps augmente avec sa
               vitesse, et tend vers l’infini lorsque la vitesse tend vers c. En dynamique clas-
               sique, on trouve cette loi de Newton écrite indifféremment sous deux formes.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      459
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