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Mais quelle que soit sa qualité dialectique, une théorie physique devait
aussi pouvoir être vérifiée expérimentalement. Einstein avait lui-même si-
gnalé trois points sur lesquels sa théorie devait pouvoir être vérifiée. Pour
le premier point (la précession de périhélie de Mercure) elle a pu être véri-
fiée selon les prévisions relativistes, alors que la théorie de la gravitation
classique avait été incapable d’expliquer totalement le mouvement de Mer-
cure autour du Soleil. L’action des autres planètes n’expliquait pas une pe-
tite précession, qui avait été découverte par Le Verrier. Mais la théorie de
la relativité générale rendait compte de ce mouvement, en accord avec les
mesures effectuées, et Einstein raconte avoir été transporté de joie pendant
plusieurs jours lorsqu’on vérifia cela.
Le deuxième point expérimental s’appliquait à la courbure des rayons
lumineux provenant des étoiles lorsqu’ils passaient à proximité du Soleil.
Cet effet n’était mesurable que lors d’une éclipse totale du Soleil, sinon
la lumière du Soleil empêchait de distinguer celle qui provenait des
étoiles. À cause de la première Guerre Mondiale, la confirmation ne put
être donnée qu’en 1919 par une expédition britannique. Mais Einstein
avait confiance (il prétend avoir dormi toute la nuit sans la moindre in-
quiétude sur le résultat) lorsqu’on observa dans le ciel deux quasars telle-
ment identiques qu’ils ne pouvaient être que deux images différentes d’un
même quasar. C’est la déviation des rayons lumineux en passant à proxi-
mité d’une galaxie massive qui avait produit cet effet de lentille gravita-
tionnelle, ici encore conformément à la nouvelle théorie.
La troisième expérience suggérée par Einstein concernait le ralentis-
sement des horloges dû à la gravitation, provoquant un déplacement vers
le rouge gravitationnel : selon sa théorie, une horloge placée à la cave, et
donc plus proche du centre de la Terre, devait retarder par rapport à une
horloge placée au grenier. L’effet était minime : une différence d’altitude
de 25 mètres faisait retarder une horloge de 1 seconde en dix millions
d’années. Néanmoins, Pound et Rebka l’ont vérifié en 1959, en mesurant
des sources de rayons gamma, placées en haut et en bas d’une tour. La
fréquence des rayons émis par la source située en bas était effectivement
plus faible, dans la proportion prévue par la théorie.
La théorie de la relativité prédisait en outre l’existence de trous noirs,
des objets de masse tellement grande que rien, pas même la lumière, ne
pouvait échapper à leur attraction. Si l’on n’a jamais, et pour cause, exploré
de trou noir, leur présence décelée dans certaines galaxies est pourtant la
meilleure explication possible aux observations des astrophysiciens.
462 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL