Page 452 - eco-savoirs pour tous
P. 452

Il y est écrit : " Enfermez-vous avec un ami dans la plus vaste cabine
          d’un  grand  navire,  et  faites  en  sorte  que  s’y  trouvent  également  des
          mouches, des papillons et d’autres petits animaux volants, et qu’y soit
          disposé un grand récipient empli d’eau dans lequel on aura mis des petits
          poissons ; suspendez également à bonne hauteur un petit seau et dispo-
          sez-le de manière que l’eau se déverse goutte à goutte dans un autre réci-
          pient à col étroit que vous aurez disposé en dessous; puis alors que le
          navire est à l’arrêt, observez attentivement comment ces petits animaux
          volent avec des vitesses égales quel que soit l’endroit de la cabine vers
          lequel ils se dirigent; vous pourrez voir les poissons nager indifférem-
          ment dans toutes les directions; les gouttes d’eau tomberont toutes dans
          le récipient posé par terre.
             Une fois que vous avez observé attentivement tout cela, faites se dé-
          placer le navire à une vitesse aussi grande que vous voudrez; pourvu que
          le mouvement soit uniforme et ne fluctue pas de-ci de-là, vous n’aperce-
          vrez aucun changement dans les effets nommés, et aucun d’entre eux ne
          vous permettra de savoir si le navire avance ou bien s’il est arrêté : les
          gouttes d’eau tomberont comme auparavant dans le récipient qu’on aura
          mis en dessous, sans qu’une seule goutte ne tombe du côté de la poupe,
          bien que pendant le temps où la goutte est en l’air le navire ait parcouru
          plus d’un empan; les poissons dans leur eau nageront sans plus d’effort
          vers l’une ou l’autre partie du récipient dans lequel on les aura mis et ils
          se dirigeront avec autant d’aisance vers la nourriture quel que soit l’en-
          droit du bord du bocal où elle aura été placée; enfin les papillons et les
          mouches continueront à voler indifféremment dans toutes les directions.
          Et on ne les verra jamais s’accumuler du côté de la cloison qui fait face à
          la poupe,  ce qui  ne manquerait pas  d’arriver  s’ils  devaient  s’épuiser  à
          suivre le navire dans sa course rapide ".

             S’il a pris, à son époque, une importance considérable par sa rupture
          avec la description aristotélicienne et religieuse du monde, le principe de la
          relativité galiléenne n’a rien pour étonner aujourd’hui. Dans un train rou-
          lant à sa vitesse de croisière, le café servi au bar coule dans la tasse de la
          même façon qu’au buffet de la gare. Lorsqu’on se déplace dans les couloirs,
          tant que le train ne tourne ni ne freine, il n’est pas nécessaire de faire plus
          d’efforts que ceux que nécessite la marche sur le quai.
             Mais lorsqu'en 1905, Einstein a étendu son principe de la relativité à
          toutes les lois de la physique, cette démarche a eu des conséquences lo-
          giques. En effet, pour énoncer et utiliser les lois de la physique selon son
          principe, il lui fallait un système de positionnement de référence.


          452                                        Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr        © LEAI        Marc CARL
   447   448   449   450   451   452   453   454   455   456   457