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Il y est écrit : " Enfermez-vous avec un ami dans la plus vaste cabine
d’un grand navire, et faites en sorte que s’y trouvent également des
mouches, des papillons et d’autres petits animaux volants, et qu’y soit
disposé un grand récipient empli d’eau dans lequel on aura mis des petits
poissons ; suspendez également à bonne hauteur un petit seau et dispo-
sez-le de manière que l’eau se déverse goutte à goutte dans un autre réci-
pient à col étroit que vous aurez disposé en dessous; puis alors que le
navire est à l’arrêt, observez attentivement comment ces petits animaux
volent avec des vitesses égales quel que soit l’endroit de la cabine vers
lequel ils se dirigent; vous pourrez voir les poissons nager indifférem-
ment dans toutes les directions; les gouttes d’eau tomberont toutes dans
le récipient posé par terre.
Une fois que vous avez observé attentivement tout cela, faites se dé-
placer le navire à une vitesse aussi grande que vous voudrez; pourvu que
le mouvement soit uniforme et ne fluctue pas de-ci de-là, vous n’aperce-
vrez aucun changement dans les effets nommés, et aucun d’entre eux ne
vous permettra de savoir si le navire avance ou bien s’il est arrêté : les
gouttes d’eau tomberont comme auparavant dans le récipient qu’on aura
mis en dessous, sans qu’une seule goutte ne tombe du côté de la poupe,
bien que pendant le temps où la goutte est en l’air le navire ait parcouru
plus d’un empan; les poissons dans leur eau nageront sans plus d’effort
vers l’une ou l’autre partie du récipient dans lequel on les aura mis et ils
se dirigeront avec autant d’aisance vers la nourriture quel que soit l’en-
droit du bord du bocal où elle aura été placée; enfin les papillons et les
mouches continueront à voler indifféremment dans toutes les directions.
Et on ne les verra jamais s’accumuler du côté de la cloison qui fait face à
la poupe, ce qui ne manquerait pas d’arriver s’ils devaient s’épuiser à
suivre le navire dans sa course rapide ".
S’il a pris, à son époque, une importance considérable par sa rupture
avec la description aristotélicienne et religieuse du monde, le principe de la
relativité galiléenne n’a rien pour étonner aujourd’hui. Dans un train rou-
lant à sa vitesse de croisière, le café servi au bar coule dans la tasse de la
même façon qu’au buffet de la gare. Lorsqu’on se déplace dans les couloirs,
tant que le train ne tourne ni ne freine, il n’est pas nécessaire de faire plus
d’efforts que ceux que nécessite la marche sur le quai.
Mais lorsqu'en 1905, Einstein a étendu son principe de la relativité à
toutes les lois de la physique, cette démarche a eu des conséquences lo-
giques. En effet, pour énoncer et utiliser les lois de la physique selon son
principe, il lui fallait un système de positionnement de référence.
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