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Dans son Discours of Earthquakes de 1668, il soulignait que des trem-
blements de terre et des déplacements de l’axe de rotation de la Terre
pouvaient avoir eu lieu souvent, depuis un lointain passé, et que la durée
du jour était peut-être différente, il y a très longtemps.
Une argumentation encore plus décisive contre le catastrophisme fut
apportée au 18 siècle par James Hutton. Ce gentilhomme écossais
ème
(1726-1797) exposa ses idées dans son livre Theory of the Earth with Proof
and Illustration, présenté à la Royal Society d’Edimbourg en 1785. Contre
l’idée d’une Terre statique créée par fait divin moins de 10.000 ans avant,
comme la voyaient encore ses contemporains, Hutton expliqua que, sur
une beaucoup plus longue période, des processus à action lente et conti-
nue, comme l’érosion, pouvaient conduire à de grandes modifications.
Dans son ouvrage, ce savant soulignait que l’eau et l’air attaquaient et
désintégraient en permanence les roches, et que ce processus de dégra-
dation produisait des détritus, sous forme de graviers, de sables et de
boues, qui par la suite étaient transportés par les flux d’eau et d’air, pour
finir à proximité ou au-dessous du niveau de la mer. De cette façon, selon
Hutton, se formaient des dépôts, qui avec le temps se condensaient et se
cimentaient pour devenir des roches sédimentaires.
Le savant écossais identifia ensuite une autre force très active mue par
la chaleur interne de la Terre, et qui, par un phénomène d’expansion ther-
mique, provoquait des remontées de matière chaude, c’est-à-dire des in-
trusions ignées, et par conséquent, un véritable soulèvement et une dé-
formation des sédiments, en plis et en failles. Le résultat final était la for-
mation de reliefs par un processus dit d’orogenèse.
Dans le cas des sédiments marins, ces transformations se terminaient
par la formation de terre ferme, mais celle-ci subissait par la suite des
phénomènes érosifs, donnant lieu à de nouveaux cycles de transforma-
tions. Le processus d’érosion-transport-dépôt fut considérée par Hutton
comme permanent, ce qui le porta à formuler un principe fondamental
de la géologie moderne, appelé principe de l’actualisme, ou de l’unifor-
misme, selon lequel il est possible de reconstruire le passé de la Terre sur
la base d’observations actualisées, parce que les forces de transformation
restaient les mêmes depuis l’aube des temps.
Ces idées fondamentales ont été reprises au 19 ème siècle par Charles
Lyell (1797-1875), qui, entre 1830 et 1833, publia les trois volumes de ses
Principles of Geology.
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