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Il a notamment écrit que la mer n’avait pas de pentes en surface, une
               affirmation  chargée  d’importantes  implications  géologiques  et  théolo-
               giques (mais pas si évidente que ça jusqu’à la fin du 17 ème  siècle).
                 Chez les Romains, ensuite, Pline l’Ancien (23-79), avant de mourir
               étouffé par les cendres du Vésuve lors de l’éruption de 79 qui détruisit
               Pompéi et Herculanum, avait décrit des minéraux et des roches dans sa
               monumentale Historia naturalis, en insistant particulièrement sur ceux qui
               permettaient des applications techniques, comme les argiles, les marbres,
               et les gemmes, lesquels ont donc occupé un premier espace important
               dans le classement des connaissances géologiques.
                 Après une éclipse lors du Moyen Âge européen, des études et des
               observations géologiques reprirent, avec des incidences indirectes. En ef-
               fet,  les  voyages  par  mer  permettaient  le  développement  d’études  des
               fonds côtiers, reportées notamment dans l’Atlas Catalan de 1375, le guide
               alors le plus précieux pour la navigation, contenant des indications pré-
               cises sur les marées et les fonds rocheux. L'analyse de ces fonds poussa
               en 1517 le médecin Girolamo Fracastoro (1478-1553), dans une lettre
               adressée au jurisconsulte véronais Torello Saraina sur le lien entre le Dé-
               luge et les fossiles observés, à déclarer que ces derniers ne pouvaient pas
               être issus d’un événement tel que le Déluge, puisqu’on ne trouvait pas de
               fossiles de poissons d’eau douce à l’intérieur des roches étudiées.

                 Au 17  siècle, ensuite, la géologie avait accompli quelques autres avan-
                      ème
               cées partielles, puisque ce siècle s’est achevé avec de nouvelles découvertes,
               incluant la proposition de modèles et de théories, qui d’une façon ou d’une
               autre ont amorcé le débat scientifique du siècle suivant. Le terme de géo-
               logie a été timidement introduit dans une intention innovante par Ulisse
               Aldrovandi  (1522-1605)  en  1603,  mais  pendant  encore  près  de  deux
               siècles, le terme le plus usité est resté oryctologie (du grec orissein, creuser).
                 Des bases scientifiques de paléontologie et de sédimentologie ont en-
               suite été ajoutées, et renforcées par l’œuvre d’artistes et d’érudits comme
               Agostino Scilla (1629-1700), qui fit des observations plutôt correctes sur la
               sédimentation dans le détroit de Messine, reconnut l’origine des fossiles
               plio-pléistocéniques, et étudia le mouvement des vagues de la mer Tyrrhé-
               nienne. Bernardino Ramazzini (1633-1714) avança l’idée que la plaine du
               Pô était le lit alluvionnaire ancien du Pô. Ailleurs, les Anglais Martin Lister
               et Edward Lhuyd analysaient des fossiles et anticipaient les principes de la
               stratigraphie, qui seront par la suite ordonnés de façon plus systématique
               par Nicolas Sténon.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      37
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