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Au 18 ème siècle eurent lieu des discussions très vives sur la formation
des reliefs montagneux et des roches, entre lesquels on ne faisait pas en-
core assez de distinction. On se demandait plutôt dans quelle mesure le
feu et l’eau en étaient responsables. C'est ainsi que dans ce débat, les géo-
logues qui penchaient pour l'intervention de l’eau ont été appelés neptu-
nistes (de Neptune, dieu romain de la Mer), et les autres ont été appelés
plutonistes (de Pluton, dieu des Enfers et du feu tellurique).
Dans la proposition neptuniste, les montagnes se seraient formées à
la suite d’une série de dépôts dans un océan immense qui recouvrait jadis
toute la Terre. Même les couches inclinées ou plissées y étaient expliquées
par le fait qu’elles s’étaient déposées en épousant l’inclinaison des sur-
faces préexistantes, comme lorsqu’une solution précipite non seulement
sur le fond du récipient, mais également sur ses côtés.
Abraham Gottlob Werner (1749-1817), de l’École des mines de Frei-
berg, l'initiateur du neptunisme, était connu pour avoir étayé son argu-
mentation par des observations qu’il avait menées lui-même dans les
zones minières allemandes.
Werner déclarait que l’âge de la Terre était beaucoup plus important
que celui qui était donné par la Bible, et que les formations géologiques
se disposaient de façon ordonnée en strates superposées, déposées gra-
duellement. Selon Werner, la masse primordiale de la Terre aurait été
submergée par un océan gigantesque à partir duquel se seraient formés
au fur et à mesure, par sédimentation, tous les types de roches, granits et
basaltes compris.
Dans cette vision, les chaînes des montagnes et les bassins de sédimen-
tation étaient déjà existants, et par conséquent les couches s’y déposaient
naturellement inclinées et plissées. Horace Bénédict de Saussure (1740-
1799), un autre neptuniste, armé d’un marteau et à dos de mulet, réalisa en
1796 une exploration de toutes les cimes accessibles des Alpes, au terme de
laquelle il rédigea Voyages dans les Alpes, la première étude moderne de géo-
logie régionale, qui ne prouvait pas pour autant les affirmations neptunistes.
C'est pourquoi d’autres savants contestaient les idées des neptunistes
en considérant qu’elles n’expliquaient pas de façon satisfaisante tous les
phénomènes géologiques. En particulier, l’existence des volcans et des
roches volcaniques justifiait un courant de pensée selon lequel beaucoup
de roches semblaient d’origine ignée, c’est-à-dire provoquées par la cha-
leur interne de la Terre, et ne devaient donc pas être rattachées à des
processus de sédimentation.
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