Page 20 - eco-savoirs pour tous
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De nouvelles approches sont nées, telles que celle de l’écologie du pay-
          sage (Landscape Ecology), qui propose d’analyser les problèmes environne-
          mentaux dans une vision d’ensemble du paysage concerné, ou telle que l’éco-
          logie du rétablissement (Restoration Ecology), qui vise à approfondir l’évo-
          lution des systèmes naturels pour les rétablir au mieux après des impacts
          éventuellement néfastes. Ce qui a facilité aussi une analyse critique et pros-
          pective mieux argumentée des effets anthropiques.
             Une contribution particulièrement utile dans ce sens a été apportée dans
          les années 1970, par des recherches et des travaux sur la coévolution imbri-
          quée du domaine sociétal et du domaine environnemental. Ce qui a évidem-
          ment renforcé aussi l’éco-humanisme, dont la démarche prospective im-
          plique que le bon développement de la Maison commune de l’Humanité
          soit garant de l’équilibre de tout le milieu naturel où elle interagit. Ceci pour
          autant que l’Humanité reste capable de bien comprendre son environne-
          ment, et de s’y adapter de mieux en mieux.
             Car l’adaptation de l’Humanité à l’évolution d’un environnement sou-
          mis à l’aléatoire, au chaos, à l’accident, dépend de son savoir, donc de sa
          culture, qui gouverne son autocorrection, et de là l’optimisation de son
          organisation et de sa cohésion. Autrement dit, notre adaptation perma-
          nente à l’aléatoire dépend de notre qualité culturelle, et même s’il est évi-
          dent que les systèmes naturels présentent une grande complexité intrin-
          sèque -d’où notre difficulté à faire des prévisions sur leur évolution- il
          faut toujours mieux les comprendre pour pouvoir mieux les gérer.
             Nos connaissances et nos moyens d’investigation doivent évoluer en
          conséquence. Et le travail à faire reste considérable, notamment parce que
          dans des systèmes complexes, non linéaires et chaotiques, de petits chan-
          gements peuvent entraîner, avec le temps, des variations beaucoup plus
          grandes et imprévisibles.
             Nos  meilleurs  modèles  de  prévision  informatisés  sont  devenus  ca-
          pables de nous fournir le sens, la direction générale, selon laquelle un sys-
          tème évolue, mais ils ne peuvent pas prévoir exactement ce qui aura lieu.
          Ils nous disent seulement ce qui pourrait probablement avoir lieu. L’obser-
          vation peut lever une partie du doute, mais seulement au moment où elle
          est effectuée ; aussitôt après tout peut changer.
             C’est  pourquoi nos  meilleurs moyens  scientifiques nous apportent
          seulement une compilation et une analyse de l’information disponible
          (encore généralement insuffisante), avec une description des apparences,
          et un calcul plus ou moins approfondi des probabilités.


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