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Mais notre grande Maison humaine se construit malgré tout, et sa science
intrinsèque, l’écologie, étudie de plus en plus les interactions entre les êtres
vivants et les milieux dans lesquels ils vivent. Le terme écologie a été introduit
par Ernst Haeckel (1834-1919) dans son œuvre de 1866 Morphologie générale
des organismes, pour définir l’étude des diverses "maisons communes" du vi-
vant dans leur milieu (terme issu du grec, oïkos, maison, et logia, étude).
Haeckel, disciple allemand de Charles R. Darwin (1809-1882) et amateur
de néologismes, voulant mettre de l’ordre dans les différentes branches de la
recherche scientifique de son époque, avait suggéré d’appeler écologie un
domaine d’études incluant la science de l’économie, des habitudes, et des
comportements, par lesquels les organismes interagissent et s’adaptent. En
pratique, il s’agissait de la science des rapports des organismes vivants avec
leur monde ambiant, leur habitat, leurs habitudes, mais aussi avec les énergies
et les symbioses liées.
Haeckel avait ainsi introduit un terme savant pour une nouvelle science
mais, comme l’écrivit à juste titre en 1927 Charles Elton, considéré comme
le fondateur de l’écologie animale, dans son classique Animal Ecology, l’éco-
logie est un terme nouveau qui se réfère à une chose très ancienne. Plu-
sieurs historiens des sciences ont rattaché la naissance de l’écologie à l’école
milésienne, d’autres à l’époque où Aristote (384-322 avJC.) réalisa son
œuvre, et d’autres à la notion d’économie de la nature proposée par le na-
turaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) au 18 siècle.
ème
Ce qui est remarquable, c’est que tous ces savants ont su mettre en rela-
tion les espèces, entre elles et dans leurs milieux de vie, et qu’ils ont analysé
la nature de manière globale et imbriquée. Ils ont ainsi défini les caractéris-
tiques principales d’une véritable discipline scientifique. De même que l’an-
thropologue Claude Lévi-Strauss qualifiait l’anthropologue d’astronome des
sciences de l’Homme, on définira l’écologiste, plus largement, comme un
astronome des sciences de la Vie, y projetant un regard humain. Dans cet
esprit, au 20 siècle, l’éco-humanisme a pu confirmer la complémentarité
ème
naturelle de l'écologie et de l'humanisme, jusque dans leurs formes modernes,
qui ont intégré un fond philosophique et une projetabilité compatibles.
Eugene et Howard Odum soulignaient que l’écologiste utilise dans ses
études un instrument imaginaire, le macroscope, pour faciliter une approche
globale zoomable. Que voit-on dans ce macroscope ? Si l’on distingue les
différents niveaux d’organisation de la nature, du plus simple au plus com-
plexe, on peut identifier des atomes, des molécules, des cellules, des orga-
nismes, des niveaux intermédiaires de populations d’organismes (biocé-
noses, écosystèmes, biomes) et enfin la biosphère, l’ensemble global.
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