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Selon Born, la fonction d’onde de Schrödinger ne décrivait pas la dis-
tribution dans l’espace et dans le temps d’une substance matérielle, mais
permettait d’obtenir uniquement la probabilité qu’en effectuant une me-
sure sur l’une quelconque des variables qui définissaient l’état d’un sys-
tème, cette variable recevrait telle valeur ou telle autre.
Et selon Bohr, le changement de description imposé par la nouvelle
mécanique imposait un principe de complémentarité, sur la base duquel
les appareils de mesure qui permettaient d’obtenir la valeur de certaines
variables, et qui permettaient d’imaginer la particule comme un corpus-
cule, excluaient la possibilité d’obtenir la valeur d’autres variables et
d’imaginer la particule comme une onde.
En d’autres termes, entre le point de vue ondulatoire et le point de
vue corpusculaire, il n’y avait pas de contradiction, à condition que les
deux représentations physiques ne soient pas utilisées simultanément
pour décrire la même situation expérimentale. Cette interprétation, qui
sera appelée par la suite l’interprétation de Copenhague de la mécanique
quantique, n’a jamais été acceptée à l’unanimité par tous les physiciens,
et, ce qui est singulier dans l’histoire de la physique, elle a continué à
susciter des polémiques et des débats sans issue. En particulier, Albert
Einstein a toujours déclaré son désaccord à ce sujet.
Pour lui, la description ultime de la réalité ne pouvait pas être proba-
biliste. Si je ne connais que des probabilités, dit-il, cela veut dire qu’il
manque quelque chose à ma connaissance, et aucun résultat expérimental
ne pourra jamais me convaincre que Dieu joue aux dés avec le monde.
Hormis le fait qu’on ne puisse pas prouver le divin par la science, et réci-
proquement, la discussion épistémologique entre Einstein et Bohr sur l’in-
terprétation de la mécanique quantique a été l’un des débats les plus fon-
damentaux de l’histoire de la physique, comparable en importance et par
la capacité intellectuelle de ses participants au débat entre Newton et Leib-
niz sur les fondements de la nouvelle physique à la fin du 17 ème siècle.
Quoi qu’il en soit, avec la mécanique quantique, la conception de la
structure des atomes et des molécules qui composaient la matière sem-
blait acceptée. Entre 1927 et 1929, cette mécanique fut aménagée de fa-
çon à tenir compte aussi de la théorie de la relativité restreinte et à traiter
de façon plus utile les processus d’interaction entre radiation et matière.
Ensuite, la mécanique quantique relativiste, et l’électrodynamique
quantique, furent reformulées grâce à la contribution décisive du physi-
cien anglais Paul Adrien Dirac (1902-1984).
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