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Planck attribua la lettre h à cette constante (depuis lors appelée cons-
          tante de Planck), et la formule E = hv marqua le début, en 1900, de la
          physique quantique. Les conséquences de cette théorie étaient radicales.
          Elles impliquaient en effet que toute particule ne pouvait avoir son éner-
          gie modifiée que par un saut d’une valeur, par exemple, hv à une valeur
          2hv, et ainsi de suite. Cela signifiait l’abandon de l’un des principes es-
          sentiels de la description classique, à savoir celui selon lequel les varia-
          tions d’énergie se produisaient de façon continue.
             Cette idée suscita d’interminables controverses, mais elle commença
          à être appliquée, puis vérifiée, dans différents domaines de la physique.
          En particulier, elle connut une extrapolation très importante dans la théo-
          rie de la structure atomique. On doit cette extrapolation à un jeune physi-
          cien théoricien danois, Niels Bohr (1885-1962), qui était parti travailler en
          Angleterre grâce à une bourse d’études, et qui avait fréquenté les labora-
          toires de Joseph John Thomson et d'Ernest Rutherford.
             Bohr  avait  observé  des  propriétés  de  stabilité  exceptionnelles  des
          atomes (si un atome subissait une perturbation, un choc par exemple, il
          revenait rapidement à sa configuration initiale). Ceci, ainsi que les proprié-
          tés de régularité des processus qui s’y produisaient (un atome émettait une
          lumière toujours sur une même fréquence exactement définie), ne pouvait
          pas être expliqué de façon classique. La théorie de Planck lui servit de sup-
          port pour en dériver à son tour une théorie très innovante. Bohr déclara
          que les électrons qui tournaient autour du noyau occupaient des états sta-
          tionnaires qui étaient stables par définition, et qui correspondaient à une
          succession de valeurs discrètes de leur énergie. Les électrons n’émettaient
          des radiations que lorsqu’ils effectuaient une transition d’un état station-
          naire à un autre (c’est-à-dire lorsqu’ils effectuaient un saut quantique).
             De cette façon, le mystère des raies spectrales trouvait une explication
          pertinente. La stabilité et la régularité des processus atomiques était dès
          lors bien expliquée par Bohr, en établissant que les variables dynamiques
          de l’atome, (l’énergie et le moment angulaire) ne pouvaient pas varier de
          façon continue, mais seulement à l’occasion de processus essentiellement
          discontinus, et que l’on ne pouvait pas concevoir comme les autres pro-
          cessus observables dans l’espace et dans le temps. Car on ne pouvait plus
          prévoir exactement quelle était, et quand avait lieu, une transition élec-
          tronique, ce qui fut mis en évidence par les développements ultérieurs de
          la théorie. Par conséquent, on ne pouvait plus prévoir théoriquement que
          la probabilité d’une transition.



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