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Les positrons pouvaient par ailleurs être conçus comme des places
          laissées vides (c’est-à-dire des lacunes) par les électrons qui avaient été
          extraits de la quantité d’états d’énergie négative.

             Avec cette découverte, commença de fait une nouvelle recherche sur
          les particules élémentaires, qui a impulsé une interaction féconde entre les
          hypothèses théoriques et les résultats expérimentaux. De nouvelles tech-
          niques expérimentales se sont appuyées dès lors sur la conception et la
          construction d’appareils de mesure de plus en plus efficaces, qui enregis-
          traient les effets d’événements, souvent très rares, qui avaient lieu dans le
          monde microparticulaire, de façon à en reconstruire la dynamique.
             Ainsi, la chambre de Wilson, la chambre à bulles, des émulsions pho-
          tographiques spéciales, des compteurs, des scintillateurs, ont pu signaler
          et enregistrer le passage de particules chargées, et à travers leurs traces,
          ont permis de révéler le parcours de ces particules. Pour les impulser, on
          utilisait des sources d’émission naturelles, comme les matériaux radioac-
          tifs et les rayons cosmiques, et des sources artificielles, comme les accé-
          lérateurs de particules, capables de produire des particules de très haute
          énergie, que l’on faisait ensuite entrer en collision contre des cibles.
             Tout cela conduisit en peu de temps à une multiplication du nombre
          des particules élémentaires identifiées, et à la recherche de schémas uni-
          fiants, capables de les regrouper en familles, et plus encore, de les conce-
          voir comme étant composées de particules encore plus élémentaires. En
          même temps, ces avancées ont fait évoluer l’organisation pratique de la
          physique. Une nouvelle fois, les petits laboratoires comprenant une di-
          zaine de chercheurs ont cédé la place à de plus grands laboratoires dans
          lesquels des centaines et parfois des milliers de personnes travaillaient,
          affectés à des tâches spécialisées, mais sur des projets communs, tout ceci
          constituant finalement ce qu’on a appelé le domaine de la big science.

             Une impulsion précursive dans ce sens avait eu lieu aux USA, durant la
          Seconde Guerre mondiale. Les principaux physiciens disponibles avaient été
          recrutés pour réaliser rapidement l’engin le plus destructeur que l’esprit hu-
          main ait jamais conçu jusqu’alors : la bombe atomique. Cette dangereuse ap-
          plication technologique devait être un premier aboutissement de la recherche
          en physique nucléaire qui avait commencé au début des années 1930.

             Ce nouveau  domaine profita particulièrement  des capacités géniales
          d’Enrico Fermi, et du groupe de jeunes physiciens réunis à l’université de
          Rome par son directeur de l’époque Orso Mario Corbino (1876-1937).



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