Page 81 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL un grand projet humain / synthèse introductive
Non, car une diversité et une créativité peuvent rester entretenues
de manière bien dosée, dans la dynamique évolutive de plus en plus
consciente de l’espèce, et mieux encore dans le cadre structurant d’un
fédéralisme et d’une démocratie directe, évitant toute globalisation
totalitaire, et toute activité contraire à l’intérêt général.
L’Humanité moderne a désormais assez de moyens pour corriger
elle-même sa trajectoire évolutive, autant culturellement que technologi-
quement, à condition que cela ne soit pas abusivement faussé ou empê-
ché. Par exemple, un risque déjà identifié est qu'à défaut d’entente et
d’autocorrection mondiales, sa puissance technologique soit détournée
pour un développement en apartheid suprémaciste de certains groupes,
physiologiquement renforcés, voire rendus génétiquement incompatibles
avec d’autres. Des trans-humanistes ont ouvert une telle voie.
Face à ces risques, l’ensemble des groupes humains doit donc cons-
tituer désormais, par précaution, une communauté composite solidaire
bien arbitrée, mais réactive, partageant pour cela une base culturelle
enrichie de ses différences utiles, et débarrassée de ses défauts. Et ça, si
nous le voulons, nous le pouvons, en partageant notamment une spiri-
tualité commune à la mesure de notre grand projet évolutif naturel.
Une spiritualité qui ne doit pas être mal comprise ou spécieuse. En
effet, certains penseurs ont parfois opposé artificiellement la spiritualité
et l’humanisme, en assimilant la spiritualité à de la religiosité, à de
l’ésotérisme, à du mysticisme, et en réduisant l’humanisme à un matéria-
lisme philosophique opposant la matière à l’esprit. Ce qui est faux, et
absurde. Si le spirituel peut être considéré comme supérieur au matériel,
ce n’est pas en raison d’un imaginaire mystico-abstrait, c’est dans la
mesure où le vivant est une expression améliorée de la substance phy-
sique, puis physico-chimique, et où l’esprit est une expression améliorée
de ce vivant au plus haut niveau connu.
Il est donc abusif de prétendre confondre la spiritualité humaine avec
une abstraction ésotérique, liée notamment à telle ou telle religiosité (sou-
vent suprémaciste) qui par la prière et la méditation relierait l’Homme à
une divinité hypothétique et invisible. Au contraire, l’humanisme, et plus
particulièrement l’éco-humanisme, alimente une forme proactive de spiri-
tualité, profondément attachante sans être mystérieuse ou mystifiante.
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