Page 80 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive



             Les  éco-humanistes  pensent  que  cette  mauvaise  concurrence,  sé-
          quelle d’un passé violent et perturbé, peut être corrigée en comprenant
          mieux et en renforçant un processus compensateur spécifique : la ten-
          dance à la structuration optimisée croissante de notre bio-système hu-
          main, qui a facilité jusqu’alors nos précédentes adaptations évolutives.
             En effet, comme dans certains domaines physiques où les substances
          réunies tendent à s’homogénéiser naturellement dans un mélange équili-
          bré, l’espèce humaine tend à homogénéiser ses groupes et ses individus
          dans un tel mélange, tout en y maintenant une diversité et un dynamisme
          évolutif par des interactions internes subtiles. Malgré quelques accidents,
          rien  n’a  encore  pu  y  empêcher  finalement  une  perméabilité  ethno-
          culturelle, dynamisant un ensemble humain désormais de plus en plus
          interconnecté et mobile. Tôt ou tard, elle s’y produit, de manière diffici-
          lement répressible et réversible.
             C’est ainsi que depuis les temps les plus anciens, instinctivement,
          puis culturellement, beaucoup a déjà été fait pour éviter la consangui-
          nité et l’isolement réducteur des groupes ethniques. Et des déplace-
          ments, alliances, échanges, ont produit des brassages à chaque époque.
             Dans ces conditions, tous les territoires habitables sur Terre ont
          finalement été délimités et occupés par des groupes ethno-culturels
          particuliers, mais sans que cette occupation soit figée ; pour diverses
          raisons  sociétales  et  environnementales,  certains  groupes  se  sont
          installés -et s’installent encore- sur le territoire d’autres groupes, et
          presque partout on constate une perméabilité des sociétés à de mul-
          tiples échanges permanents.
             Il est évident que, même si leur cohabitation ne peut réussir dé-
          sormais  que  par  adaptation  équilibrée,  et  non  plus  par  intrusion
          agressive  (génératrice  d’affrontements  destructeurs),  aucun  groupe
          ne  peut  rester  isolé  et  éviter  une  rencontre  ethno-culturelle  dosée
          avec d’autres, compte tenu de la circulation des idées, des biens, et
          des personnes, qui s’est intensifiée dans l’ensemble de la collectivité
          humaine moderne.
             Est-ce que le résultat de ce processus dans le temps, c'est-à-dire
          une homogénéité ethnique et culturelle plus forte de l’Humanité, gê-
          nera son adaptabilité réactive, par réduction de diversité ?



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