Page 50 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive



             Et d’un autre côté, des analyses théoriques de notre environne-
          ment physique déduisent une possible déstructuration finale déter-
          minée de l’univers connu, donc aussi de notre substance. Ce qui est
          perturbant.  Au  point  que  si  nous  voulons  maintenir  un  esprit  sain
          capable  d’une  relation  efficace  avec  notre  environnement,  nous  de-
          vons évidemment sortir de ce genre d'impasse conceptuelle.
             Rappelons le problème : notre planète d’origine étant condamnée à
          être détruite par son soleil, nous devrons nous installer préventivement
          sur  d’autres  planètes,  de  plus  en  plus  lointaines,  y  compris  hors  du
          système  solaire.  Or,  même  ce  déplacement  inévitable  pourrait  être
          condamné à terme, à cause de l’évolution physique supposée de notre
          environnement universel connu, où l’ultime bouffée de chaleur solaire
          pourrait n’être qu’un accident local dans un univers globalement con-
          damné, qui mourrait finalement de froid, ou qui imploserait.
             Singulière  aporie :  après  avoir  échappé  aux  convulsions  solaires
          brûlantes, et aux mauvaises rencontres et radiations intergalactiques,
          le  froid  éternel  pourrait  être  notre  ultime  destin ?  On  ne  peut  pas
          encore répondre avec certitude, mais le problème de notre survie à
          terme, et donc aussi du sens de notre existence, est suspendu aussi à
          ces interrogations scientifiques. Car dans notre représentation théo-
          rique actuelle de l’univers, l’impulsion énergétique originelle (impro-
          prement appelée big-bang) semble se refroidir et s’affaiblir irréversi-
          blement  dans  l’espace-temps,  par  dilution  et  dissipation,  jusqu’à  sa
          déstructuration possible à terme (incluant la nôtre).
             On a déduit cela, notamment, après avoir observé partout une dé-
          gradation de l’énergie lors de sa transformation, ainsi qu’un lien entre la
          température et l’état de mouvement de la matière. On a vérifié expé-
          rimentalement que plus la température de la matière s’approche de sa
          limite la plus basse, la plus froide théoriquement calculable (-273,15°C),
          et plus son mouvement spécifique diminue, moins il y a d’agitation de
          ses constituants élémentaires.
             Faute d’expression énergétique mobilisable, la matière connue pour-
          rait alors se figer peu à peu, puis se désactiver. En théorie, elle pourrait
          même  être  finalement  déstructurée,  redevenant  une  substance  où  le
          temps, l’espace, et l’énergie, pourraient être …autre chose.



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