Page 55 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive



                 Il en avait déduit des relations de causalité qui, depuis, ont été
               dépassées,  mais  comme  pour  Démocrite  d’Abdère, qui  avait  pres-
               senti avant lui la structuration atomique, l'intuition était bonne.
                 Ce  facteur  chaotique  semble  avoir  provoqué  des  perturbations
               dans l'organisation de l'expression énergétique. Apparemment, avec
               des  ruptures  d'équilibres  et  de  symétries,  l'énergie  universelle  s'est
               désorganisée pour se réorganiser autrement, au fur et à mesure de
               ses  interférences,  ce  qui  a  produit  une  substance  de  plus  en  plus
               diversifiée, notamment dans ses formes matérialisées.
                 Et l'univers matérialisé, qui supporte la nature où nous sommes
               nés,  s'est  construit  en  équilibre  dynamique  dans  une  multitude  de
               phénomènes locaux alternant désorganisation et réorganisation. Ce
               concept de structuration progressive semble pertinent, mais au delà,
               l'incertitude reste forte. Alors, on spécule.
                 Où  cela  nous  mènera-t-il ?  Pour  pouvoir  s’appliquer,  le  chaos,
               l’accident, l’aléatoire, impliquent d’être portés par une dynamique, un
               mouvement,  une  impulsion.  Sans  dynamique,  un  caractère  aléatoire
               ou chaotique des phénomènes n’aurait pas de sens,  car pas d’effet.
               Dans  ces  conditions,  si  la  consistance  universelle  ultime  est  prévue
               comme l’aboutissement de la cessation de la dynamique énergétique
               originelle,  notre  environnement  global  sera  finalement  réduit  à  une
               quantité  de  substance  sans  énergie  circulante  ni  mouvement,  dans
               l’obscurité, en équilibre thermodynamique de froid maximum.
                 Pour l’Humanité, plus on approchera de cette limite naturelle ul-
               time théorique, plus il faudra logiquement régénérer artificiellement de
               l’énergie circulante et mobilisable à partir de potentiels stockés dans la
               matière.  Mais  quelle  matière,  compte-tenu  d’interactions  avec  une
               non-impossible substance universelle négative ? Comment alors l’aléa-
               toire, le chaos, et l’inconnu, interviendront dans une telle mobilisation
               correctrice supposée ?
                 Il y aura probablement longtemps que l’Humanité ne sera plus
               sur Terre, mais ailleurs dans l’univers, lorsque cette situation se pro-
               duira  éventuellement.  Mais  mieux  vaut  y  penser  dès  maintenant,
               pour distinguer en temps utile le meilleur sens de notre évolution, et
               commencer à nous y adapter en conséquence.



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