Page 54 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive



             Au 6 ème  siècle avJC, Héraclite d'Ephèse avait pressenti la subs-
          tance énergétique universelle et il l'avait décrite par analogie au feu, à
          la  chaleur,  reprenant  en  cela  la  tradition  védique.  Mais  le  concept
          moderne d’énergie, et sa terminologie particulière, ont été précisés
          seulement dans la première moitié du 19 ème  siècle.
             Thomas Young a introduit le terme dès 1807, puis William Thom-
          son, et d’autres, l’ont utilisé dans leurs démonstrations de sciences phy-
          siques.  Et  en  1843,  Ludwig  Colding  a  prolongé  la  réflexion  sur  ce
          thème en considérant l’énergie comme la substance originelle créatrice
          de la matière universelle. Ces représentations n’ont dès lors plus cessé
          d’être approfondies et structurées.
             Car l’énergie ainsi observée est multiforme,  et dans  notre  univers
          connu,  elle  n’est  pas  entièrement  circulante  et  active,  mouvementée,
          cinétique, elle peut aussi être contenue et non circulante, potentielle. En
          fait, cette énergie peut être globalement diffuse et circulante, ou locale-
          ment contenue et structurante, et elle peut passer d’un état à un autre,
          d’une forme à une autre, tant que suffisamment de sa substance reste
          mobilisable. Au delà, pour notre conscience, c’est temporairement in-
          concevable, mais pas forcément rien.
             Tant  qu’il  existe  assez  d’énergie  circulante,  différentes  formes
          d’ondes ou de champs de forces, c’est à dire d’énergie non matériali-
          sée, peuvent interférer, en générant éventuellement de la matière à
          l’occasion  de  leurs  interférences,  et  différentes  formes  de  matière
          peuvent interagir entre elles. D’interférence en interférence, d’inter-
          action en interaction, une grande diversité d’états et de formes de
          matière  et  d’énergie  s’est  constituée  dans  l’univers, dont  la  genèse
          primordiale  reste  encore  incertaine,  du  fait  notamment  de
          l’imperfection de nos moyens d’observation, et de l’influence pos-
          sible d’un chaos apparemment intrinsèque.
             Sur ce point, on peut effectivement considérer qu'à l'origine de
          notre univers, un facteur chaotique était contenu dans la substance
          énergétique initiale en expansion soudaine. L'idée d'un facteur intrin-
          sèque n'est pas une vision nouvelle. Aristote déclarait déjà au 4 ème
          siècle  avJC  que,  dans  sa  conception,  une  substance  possède  po-
          tentiellement, intrinsèquement, la consistance qu'elle aura en acte.



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