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Toutefois, dans une telle science, fondée sur l’observation, mais tribu-
          taire d’instruments encore imparfaits, et d'une interprétation inexpérimen-
          tée des images obtenues, il était encore problématique de distinguer ce qui
          était l’objet réel observé et ce qui était un effet optique produit par l’instru-
          ment et la pollution atmosphérique. Un cas typique fut la découverte des
          célèbres canaux de Mars par l’astronome italien Giovanni V. Schiaparelli
          (1835-1910), découverte qui devait temporairement alimenter l’imagina-
          tion populaire sur des rencontres et des invasions d’extraterrestres.
             La controverse sur la nature des nébuleuses ne devait être résolue qu’au
          début du 20  siècle. Entre-temps, elle avait suscité des débats contradic-
                    ème
          toires sur l’évolution stellaire, où l’observation insuffisamment précise de
          nouvelles et très nombreuses nébuleuses spirales avait tout de même con-
          tribué à renforcer la thèse selon laquelle ces nébuleuses étaient en phase de
          formation de nouvelles étoiles. Mais au début du 20  siècle, presque tous
                                                     ème
          les astronomes étaient encore d’accord pour considérer que les astres ob-
          servables faisaient partie de notre Galaxie. Ce n’est qu’après le renforcement
          et la meilleure localisation des observatoires qu’on a pu corriger cela.
             Ce renforcement s’est initié principalement aux États-Unis, grâce à la
          tenace initiative d’astrophysiciens tels que George Ellery Hale (1868-1938)
          et Percival Lowell (1855-1916), auquel on doit entre-autres la prévision de
          l’existence d’une neuvième planète au-delà d’Uranus, c’est-à-dire Pluton,
          observée  seulement  en  1930.  Pour  soutenir  leurs  découvertes,  ont  été
          construits les observatoires du mont Wilson, le Lowell Observatory en Ari-
          zona, et l’observatoire du mont Palomar (1948), doté alors du plus grand
          télescope compact à miroir du monde.
             Puis leur observation se focalisa sur une immense nébuleuse spirale, déjà
          localisée à la fin du 19  siècle, et appelée Andromède. Un assistant de Lo-
                            ème
          well, Vesto Melvin Slipher (1875-1969), réussit à en obtenir 4 plaques pho-
          tographiques qui révélaient des raies spectrales très nettes. Le problème était
          que ces raies, tout en étant analogues aux raies émises par le Soleil et par
          d’autres nébuleuses, étaient légèrement déplacées par rapport à la position
          à laquelle on pouvait s’attendre. La seule façon d’interpréter ce déplace-
          ment était de penser que la nébuleuse était en mouvement. Et le calcul
          de la vitesse de déplacement donna un résultat surprenant. La nébuleuse
          d’Andromède se déplaçait à une vitesse d’au-moins 300 km/s.
             En 1914, Slipher avait calculé la vitesse de 15 autres nébuleuses spirales,
          trouvant que la plupart d’entre elles s’éloignaient du Soleil à des vitesses
          qui dépassaient 1000 km/s (3,6 millions de km/h).



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