Page 63 - De la grande crise à la grande purge
P. 63

Marc CARL               De la grande crise à la grande purge

                 Résultat : les plouto-impérialistes ne peuvent plus compter désormais sur
            leur proxy USA pour passer en force une fois de plus. Car de la même ma-
            nière que l'URSS avait contribué à sa propre faillite en 1990 par déstructura-
            tion combinée de son potentiel militaire et de son potentiel économique,
            conséquence d'un enchaînement de fautes de sa nomenklatura dirigeante,
            la nomenklatura fédérale des USA, 20 ans plus tard, a pris le même chemin
            vers une auto-faillite qu’elle n’a plus assez de moyens pour éviter.
                En  réaction  aussi  pragmatique  que  crapuleuse,  les  lobbies  plouto-
            impérialistes ont préparé une démolition contrôlée du proxy USA, pour en
            retirer leur fortune avec un minimum de pertes, et empêcher sa population
            de perturber une restructuration globale à laquelle ils ont choisi d’intéresser
            des élites politico-économiques chinoises, en ré-intervenant à partir de la
            City de Londres, centre historique de leur expansion.
                Mais la Chine, consciente de ses faiblesses, avait déjà commencé à investir
            dans  ses  propres  projets  géostratégiques,  en  créant  une  communauté
            d’intérêts  avec  diverses  autres  nations,  et  en  préparant  des  alternatives
            monétaires au dollar US par des fonds et des banques de développement
            ouverts à ses partenaires, abondés par sa monnaie montante, le yuan.

               Les ploutocrates occidentaux ont alors essayé de se placer dans ces nou-
            veaux  circuits  pour  y  recycler  leurs  fortunes  en  dollars,  en  proposant  en
            contrepartie  de  rendre  le  yuan  convertible  et  compensable  comme  les
            autres  grandes  monnaies,  principalement  dans  les  DTS  du  FMI,  lesquels
            peuvent aboutir ensuite à une nouvelle (crypto)monnaie artificielle, succé-
            dané du Bancor,  qui aurait ainsi préalablement pu absorber un maximum de
            dollars, autant au profit des ploutocrates que de l’économie chinoise.
               En complément, ils ont placé beaucoup de leurs fonds dans des biens plus
            tangibles (terres agricoles, immobilier, matières premières stratégiques, etc),
            en espérant qu’un crach final organisé, suivi d'un "reset" financier global,
            pourrait effacer ensuite la plupart de leurs dettes. Un pari pourtant à courte
            vue, et bien moins certain qu’un crach systémique général incontrôlable.
                Au point que la Russie ne s’est pas laissé abuser par ces manœuvres. Elle a
            négocié préventivement avec la Chine pour que le rouble russe soit échan-
            geable avec le yuan, en contrepartie notamment d’une fourniture d’énergie
            et d’armements indispensables. Plus encore, appuyée sur d’immenses ré-
            serves naturelles, la Russie a reconstitué une industrie solide, une population
            éduquée et cohésive, et une puissance militaire au plus haut niveau mondial.



                                          63
   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68