Page 46 - De la grande crise à la grande purge
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Marc CARL               De la grande crise à la grande purge


                  En effet, la culture humaine globale prospère par la circulation et la com-
             binaison d’apports diversifiés, qui doivent pouvoir être librement appréciés,
             d’autant mieux dans une bonne coexistence interculturelle, qui étant naturel-
             lement sensible et fragile, doit être équilibrée et arbitrée en conséquence.
             Car  un  multiculturalisme  conflictuel  ou  mal  arbitré  est  une  tare  évolutive.
             Seule  une  culture  syncrétique,  bien  arbitrée,  dosée,  et  corrigée,  dans
             l’intérêt général humain, peut être profitable à l’ensemble humain.
                L’arbitrage et la correction ne doivent donc pas être pervertis. Or, un en-
             nemi dangereux d’un multiculturalisme bien arbitré est le totalitarisme su-
             prémaciste  qui  tend  à  imposer  des  règles  illégitimes  prétendument  supé-
             rieures. Si une organisation de cette sorte contamine tout ou partie d’une
             communauté  humaine,  pour  y  imposer  son  idéologie  et  ses  intérêts,  une
             maladie sociétale s’ensuit et la communauté finit mal tôt ou tard.
                  Il  ne  faut  jamais  oublier  à  quel  point  une  organisation  totalitaire  peut
             manipuler l’esprit de ses adeptes et de ses victimes, pour en faire des ins-
             truments  de  son  pouvoir  illégitime.  Elle  profite  notamment  du  fait  que  le
             cerveau  humain  fonctionne  comme  une  mémoire  programmée,  dans  la-
             quelle  une  partie  génétique  et  instinctive  n’est  pas  culturellement  repro-
             grammable, mais où une autre partie, plus ou moins consciente, l’est.
                  C’est cette partie que la culture humaine utilise pour progresser, en y corri-
             geant  les  tendances  égoïstes,  prédatrices,  violentes,  encore  sous-jacentes
             dans certains comportements. Mais c’est aussi cette partie qu’une organisa-
             tion suprémaciste totalitaire peut corrompre par des formes pernicieuses de
             programmation, empêchant une reprogrammation correctrice opportune.
                  Or, un défaut de correction socio-culturelle opportune est un fléau de notre
             évolution. Au point que dans certains cas, on n’a plus d’autre choix que de réagir
             par contre-violence légitime.
                Car  des  êtres  et  groupes  humains
             mal  programmés  culturellement  et  non
             guérissables  en  temps  utile,  pouvant
             causer une violence et des dégâts très
             graves, ils doivent pouvoir être corrigés,
             ou  sinon  mis  hors  d’état  de  nuire  par
             autodéfense légitime, aussi courageusement et efficacement que nécessaire.
                Le mahatma Indien Gandhi, apôtre réputé de la non-violence, précisait
             malgré tout que "lorsqu’il n’y a de choix qu’entre lâcheté et violence, je con-
             seille la violence".


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