Page 42 - De la grande crise à la grande purge
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Marc CARL               De la grande crise à la grande purge

                Presque partout, pendant des périodes renouvelables de plusieurs années,
             ces représentants privilégiés peuvent alors décider du sort de leur collectivité
             électrice  contrainte,  sans  qu’une  correction  citoyenne  réactive  puisse  s’op-
             poser opportunément à ce qui contrevient à l’intérêt public. Les consultations
             d’initiative populaire sont notamment restreintes, détournées, ou biaisées.
                Une apparence de choix démocratique libre est ainsi simulée, alors qu’en
             réalité  l’organisation dominante présélectionne  les  représentants  qui  lui con-
             viennent, et écarte les opposants. La contestation libre est marginalisée, privée
             d’expression publique suffisante, privée de moyens légaux de s’organiser effi-
             cacement, et privée de réactivité civique, car la propagande dominante, relayée
             par des médias mercenaires et par un personnel politique complice, désoriente
             et conditionne puissamment les mentalités et les comportements des citoyens,
             produisant  une  pensée  populaire  majoritairement  alignée  sur  des  objectifs
             politiciens trompeurs, et par là, sur les intérêts ploutocratiques sous-jacents.
                C’est dans ces conditions que depuis les années 1970 des gouvernements et
             des  parlementaires  ont  pu  agir  pour  spolier  non  seulement  leurs  électeurs,
             mais aussi leurs appareils d’État, en détournant massivement la création mo-
             nétaire d’intérêt public vers des banques privées, et en endettant artificielle-
             ment les États, obligés d’emprunter sur le marché financier privé tenu par les
             ploutocrates, pour payer des dépenses excédant abusivement les recettes.
                Les ploutocrates et leurs entreprises privées en ont profité
             pour  détourner  toujours  plus  leurs  gains  vers  des  paradis
             fiscaux, en payant le minimum d’impôts aux États, dans un
             gigantesque pillage sans frontières des ressources publiques.
                À tel point que l’ensemble économique mondial a été con-
             duit encore plus vite jusqu’à une inévitable crise systémique,
             dont l’exutoire violent menace finalement la sécurité, et peut-
             être la survie, de tout ou partie de la population humaine.
                Triste bilan sociétal. Et triste aventure, qui n’aurait pas pu se produire dans une
             démocratie directe, basée sur un tirage au sort de responsables publics capaci-
             fiés*, pour de courtes périodes, avec intervention correctrice permanente d’une
             censure citoyenne légitime, incluant des consultations d’initiative populaire.
                En démocratie directe, les responsables publics sont structurellement tenus à
             l’abri des pressions ploutocratiques et des intérêts privés ou particuliers, et la
             vox populi peut s’opposer opportunément à ce qui contrevient à l’intérêt général.
                Au  contraire,  la  pseudo-démocratie  représentative  permet  sournoisement  la
             confiscation et le détournement du pouvoir politique et de la puissance publique.


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