Page 24 - De la grande crise à la grande purge
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Marc CARL De la grande crise à la grande purge
Les manipulateurs organisent donc des tensions dans ce but, en fragilisant
et en divisant les sociétés ciblées, notamment par des déstabilisations ethno-
culturelles qui peuvent être opportunément rendues violentes. En cas de
confrontation ouverte, des forces militaires et policières sont prêtes à interve-
nir pour rétablir l’ordre et les intérêts qui profitent aux dominants réels, sous
prétexte de défense de tels ou tels droits et de l’ordre public.
Il est très difficile d’arrêter cet enchainement délétère avant que la raison
puisse s’imposer de nouveau. Lorsque la violence n’est plus contenue, on ne
sait pas jusqu’où elle ira, et qui elle touchera le plus. Les manipulateurs n’en sont
pas à l’abri, et même s’ils sont encore dominants, la puissance des gouverne-
ments occidentaux n’est pas illimitée. Plus ils affaiblissent la cohésion sociétale
de leurs Etats-supports, plus leurs réserves diminuent, et moins leur puissance
reste projetable. Le temps joue désormais contre eux.
Notamment parce que le bloc USA-UE-OTAN, fragilisé a de plus en plus de
nouveaux adversaires excédés, dont les réactions sont imprévisibles, selon le
cours que prendront les évènements, ce qui rend aléatoire toute fuite en avant.
Les principaux pays développés indépendants asiatiques ont compris qu’ils sont
devenus des concurrents majeurs, voire de futurs adversaires militaires, des gou-
vernements occidentaux féodalisés. Mais ils voient que les populations-supports
occidentales subissent un déclin, démographique, culturel, idéologique, politique,
et économique, même si leurs décideurs restent temporairement dominants sur le
plan militaire et financier. L’intérêt des concurrents est donc d’affaiblir encore da-
vantage les moyens occidentaux, et de les saper partout où c’est possible, pour
mieux équilibrer le rapport des forces en vue d’une future confrontation.
Car l’appareil militaire des USA est un colosse aux pieds d’argile, qui supporte
mal de longues invasions distantes. La Chine améliore son armement, et de plus,
quand elle aura assez réinvesti, et diversifié ses réserves, son économie sera
capable d’éclipser celle des USA. Les opportunités de réaction préventive se
réduisant d’autant pour les décideurs des USA, leur souci est de ne pas perdre
l’initiative stratégique, et de pouvoir réagir avant de ne plus avoir assez de forces.
Développer un chaos islamique gênant leurs adversaires est donc une tactique
retardatrice importante pour eux, avant qu’ils n’aient plus assez de forces pour
menacer la Chine, éventuellement alliée avec d’autres pays asiatiques, et surtout
avec la Russie. Mais dans tous les cas, une confrontation élargie reste une option-
menace finale, brandie à titre dissuasif par les décideurs des USA et leurs alliés
occidentaux, qui spéculent sur leur technologie militaire moderne, en croyant
qu’elle leur donne plus de moyens que nécessaire pour détruire, à distance, tout
ou partie de l’Humanité concurrente ; ce qui est illusoire et suicidaire.
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