Page 23 - De la grande crise à la grande purge
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Marc CARL               De la grande crise à la grande purge

               Ce qui justifie un encadrement policier sécuritaire des sociétés civiles con-
            cernées,  avec  de  fortes  restrictions  de  libertés  réduisant  les  réactions  poli-
            tiques. Car tôt ou tard, l’activité de jihadistes migrants, consécutif ou non aux
            conflits du Grand-Moyen-Orient, peut être une goutte d’eau faisant déborder le
            vase  d’un  problème  identitaire  conçu  pour  diviser  encore  plus  l’Europe.  Une
            Europe qui va devoir supporter une forte charge de l’aventure, en permettant aux
            dirigeants du "peuple élu exceptionnel" des USA de garder encore un peu le
            leadership du bloc occidental, tout en préservant les profits de ses ploutocrates.
               L’intérêt logique des décideurs et des services spéciaux occidentaux impli-
            qués est ensuite d’inciter des pays musulmans non-arabes forts, tels que l’Iran,
            le  Pakistan,  la  Turquie,  à  profiter  du  chaos  généralisé,  pour  renforcer  leurs
            moyens, et régler militairement certains contentieux régionaux.

               Ce qui  peut dégénérer jusqu’à des conflits  nucléaires  impliquant  l’Inde,  le
            Pakistan, l’Iran, Israël, les pays du Golfe, d’où un enchainement lourd de con-
            séquences, éventuellement renforcé par l’instrumentalisation complémentaire
            d’une vague jihadiste transnationale, incontrôlable et de grande ampleur, et par
            d’autres conflits activés en Mer de Chine. Jusqu’à ce que tout cela aille trop loin
            dans  la  surenchère  et  la  menace,  justifiant  l’intervention  armée  ultime  des
            gouvernements occidentaux pour se protéger du chaos qu’ils ont provoqué.
               Et de là, des destructions immenses. Car l’Iran ou le Pakistan ont des moyens
            militaires puissants, y compris nucléaires, actionnés par des armées motivées et
            bien encadrées. Mais, sauf s’ils sont soutenus par l’armée russe, ces moyens,
            même alliés, sont techniquement inférieurs à ceux des gouvernements occiden-
            taux et de l’OTAN, dont la fuite en avant dans des coups de force, dans des
            aventures  et  des  exutoires  violents,  est  malheureusement  une  condition  de
            survie du système capitaliste prédateur.
               C’est pourquoi,  historiquement, et surtout depuis le  20 ème  siècle,  l’avidité
            des lobbies ploutocratiques occidentaux a si souvent provoqué l’appropriation
            crapuleuse des richesses de pays affaiblis, ainsi que des relances artificielles
            temporaires  des  économies  occidentales  par  des  investissements  et  des
            aventures militaires, tout ceci avec un affaiblissement socio-politique, et un
            encadrement autoritaire des sociétés civiles visées, pour ne pas contrarier
            ces aventures, et leur mise en scène médiatisée trompeuse.
               Les ploutocrates et leurs élites politico-économiques associées savent que,
            dans  leurs  propres  sociétés  civiles  exploitées,  mais  aussi  dans  celles  de
            leurs concurrents émergents, si les principaux groupes sociaux sont assez
            désinformés  et  occupés  à  s’opposer  entre  eux,  ils  peuvent  être  d’autant
            moins occupés à s’opposer aux pouvoirs prédateurs réels.


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