Page 22 - De la grande crise à la grande purge
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Marc CARL De la grande crise à la grande purge
En instrumentalisant certaines factions islamistes, ils ont déjà préparé le terrain
pour que des Etats et des populations sunnites, chiites, et juives, s’affrontent,
autodétruisant en tout ou partie, la dangerosité réactive musulmane globale.
Quelles sont les principales forces intervenantes ? D’un côté, il y a un conglo-
mérat islamisé disparate, qui fut jadis offensif et conquérant, mais qui a été réduit
par les principales nations occidentales, et qui supporte mal d’être infériorisé et
manipulé. D’un autre côté, il y a de puissants lobbies ploutocratiques, de culture
néo-judaïque et protestante, qui ont appris à utiliser les mouvements et les men-
talités islamistes, et qui visent une domination mondiale impérialiste. En retrait
temporaire, il y a de grands pays asiatiques qui réaffectent leurs forces, en vue
d’édifier par nécessité un ordre international polycentrique, et non-impérialiste.
Dans ce cadre, les plus forts continuent à imposer leurs objectifs. L’ambition et la
détermination des clans islamistes sont aussi fermes que celles des plouto-
sionistes occidentaux, mais ces derniers manipulent diverses factions musul-
manes pour qu’elles servent les intérêts occidentaux contre les systèmes socio-
politiques résistants, et contre les Etats -y compris musulmans- rétifs.
Un jeu de dupes, quoi qu’il advienne, car les décideurs occidentaux dominants
ont intérêt, économiquement et politiquement, à un conflit et à un chaos crois-
sants, où le fait de sacrifier opportunément leurs supplétifs ne les gêne pas.
De nouveaux troubles viennent donc d’être déclenchés en 2011. On ne sait
pas encore exactement par qui, et en cette matière les premières apparences
peuvent être trompeuses, mais des évènements aussi concomitants et sem-
blables dans des pays différents ne peuvent pas être dus au seul hasard. Les
grandes Bourses mondiales ne se sont pas affolées devant les premiers
troubles, ce qui indique que les principaux opérateurs financiers savaient que
les actes islamistes iraient dans un sens profitable aux décideurs occidentaux.
Peu importe alors quelle partie a déclenché les opérations de déstabilisation
des pays musulmans visés, puisque, quoi qu’il en soit, les lobbies ploutocra-
tiques atlantistes ne pouvaient pas laisser la situation aller contre eux. Ils
doivent maintenir les évènements dans un sens qui leur soit profitable, et en
l’occurrence, leur intérêt est dans une avancée de fondamentalistes isla-
miques abusés, instaurant leur loi (sharia) qui sape le progrès et la cohésion
sociétale là où elle sévit, et sans alliance à craindre entre les pays et les orga-
nisations subvertis, compte tenu de leurs oppositions endémiques historiques.
En outre, comme en contrepartie, fermente au sein de plusieurs pays occi-
dentaux une réaction populaire de plus en plus radicale, face à la sape et à la
ruine subies, laissant craindre là aussi des affrontements durs.
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