Page 97 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL un grand projet humain / synthèse introductive
Droit naturel et droit positif
A
u prétexte notamment d’une meilleure gestion pragmatique, le
droit positif, qui repose sur la légalité formalisée, a souvent con-
currencé le droit naturel, qui repose "par nature" sur la légitimité.
Or, le droit naturel (ou fondamental, la nature étant, étymologiquement, le fonde-
ment natif et spontané des choses) n’est ni moins pragmatique ni moins précis
que le droit positif (étymologiquement, posé, et imposé après installation) et l’un et
l’autre peuvent avoir une application efficace.
Certes, le droit positif peut être plus variable et plus adaptable, dans ses
multiples formes promulgables, que le droit naturel. Mais cela n’implique pas
que le droit naturel ne puisse pas lui aussi s’adapter et être efficace, et cela ne
justifie en rien qu’il soit relégable derrière le droit positif.
Malgré leurs différences, le droit naturel et le droit positif ne sont pas in-
trinsèquement opposés ou incompatibles. L’un et l’autre peuvent être struc-
turés, posés, publiés, et avoir des complémentarités réciproques. Mais un
principe supérieur établit que la légitimité fonde logiquement et nécessaire-
ment la légalité, et non l’inverse. Parallèlement aux analyses jusnaturalistes,
l’éco-humanisme refuse donc que le droit positif soit artificiellement opposé
au droit naturel, s’autosuffise en l’état, et cantonne ou ignore le droit naturel.
Naturel ou positif, tout droit humain résulte de conventions culturelles
nécessairement évolutives. Et la référence à la nature n’implique pas un
droit immuable dit de la jungle, où règne la loi du plus fort, mais au con-
traire, cela mobilise la raison éthique et correctrice humaine, dans le sens des
équilibres systémiques naturels les plus bénéfiques, en menant l’Humanité
vers une socialisation de plus en plus cohésive et intelligente, dont
l’orientation et l’arbitrage par un droit fiable et fondé sont indispensables.
Un tel droit implique une hiérarchisation fonctionnelle et légitime des
valeurs, des principes, et des règles d’arbitrage, où le droit positif, logi-
quement et nécessairement subordonné au droit naturel, ne peut sans
imposture prétendre s’y substituer ou accaparer tout le droit. Une loi
établie par des moyens et/ou des personnes illégitimes doit automati-
quement être considérée comme illégitime, et nulle de tout effet.
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