Page 73 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive



                 Et  notamment  le  fait  que  nous  soyons  devenus  ce  que  nous
               sommes grâce à ce cerveau, par la culture et l’organisation sociale
               qu’il permet, bien plus que grâce à notre esthétique corporelle, ou à
               notre  simple  force  physique,  qui  est  comparativement  inférieure à
               celle de beaucoup d’autres animaux, et que nous avons utilisée inten-
               sivement seulement tant qu’il n’y avait pas de meilleurs moyens.
                 Il  ne  s’agit  évidemment  pas,  en  disant  cela,  d’inciter  à  l’affaiblis-
               sement et à la débilité physique du corps humain. Car un corps harmo-
               nieusement structuré et en bonne santé reste nécessaire ; il forme une
               entité organique indivisible avec le cerveau, et il doit rester bien adapté à
               l’environnement où nous vivons. Il faut seulement savoir faire la part
               des  choses,  et  éviter  désormais  d’exhiber  et  de  mettre  en  avant  une
               force physique  humaine souvent inutilement agressive et  brutale, qui
               entretient sans nécessité une animalité primitive, et qui peut être néfaste
               à l’exemplarité sociale, donc à notre force collective. De même en ce
               qui concerne l’esthétique physique personnelle, souvent dépendante de
               modes passagères futiles, le narcissisme ne favorisant nullement notre
               qualité sociale et notre adaptabilité.
                 Soyons clairs : l’Etre humain le plus utilement efficace est désor-
               mais le mieux éduqué, sachant tirer le meilleur de la technologie et de
               l’information disponibles, dans les conditions permises par l’ensemble
               collectif bien socialisé de notre espèce. Son apparence esthétique per-
               sonnelle,  et  ses  éventuelles  prouesses  physiques,  sont  moins  impor-
               tantes que sa qualité culturelle et que son efficacité à tirer profit de ses
               outils, et de ses synergies avec ses semblables, toutes choses gérées par
               un  cerveau  qui doit  toujours  avoir  la meilleure  programmation  pos-
               sible, en coordination constructive avec le plus possible d’autres cer-
               veaux humains bien programmés.
                 Les principaux dangers pour notre espèce sont à craindre à la fois de
               nos  propres  disfonctionnements  et  de  ceux  de  notre  environnement
               universel, où notre survie dépendra, de toute évidence, de notre science,
               de notre information, de notre cohésion sociétale, et de notre réactivité.
               Autrement dit, cela dépendra bien plus de la qualité d’un maximum de
               cerveaux humains bien programmés, réactifs, et associés, que de la quali-
               té de la détente musculaire de telle ou telle personne.




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